Le cas est complexe mais actualité oblige il me semble important de le traiter. Tout part d’un site destiné aux lanceurs d’alertes : WikiLeaks. On l’a vu dans les articles sur Edward Snowden et Aaron Swartz, les lanceurs d’alertes et ceux qui les aident ne sont pas vraiment appréciés par l’administration américaine. Alors imaginez si vous êtes le ‘fondateur’ de la première plateforme de ce genre.
Point culture. Un Wiki est une plateforme collaborative de partage de connaissances. Tout le monde peut apporter sa participation à la plateforme. Leaks en anglais signifie ‘fuites’. Par fuite, il s’agit surtout d’informations qui devaient rester dans un cadre privé. WikiLeaks est donc le partage d’informations qui compromettent les sociétés publiques ou privées. Le site se veut donc être un révélateur de scandales d’États. La presse pioche ensuite dans cette base de connaissance.
L’objectif de WikiLeaks est de recueillir les informations transmises par les lanceurs d’alertes, de les vérifier et de les diffuser vers la presse traditionnelle. Il agit en intermédiaire pour protéger les gens qui osent dénoncer des injustices institutionnelles. Il s’agit d’un problème humain. Vous êtes témoin d’une injustice commise par vos responsables. Vous avez trois choix :
- Choix 1 : vous faites comme si de rien n’était.
- Choix 2 : vous profitez de la situation.
- Choix 3 : vous dénoncez la situation.
Le troisième choix est le choix moral. Tout le monde est d’accord avec cela. Et pourtant en pratique, les deux autres choix sont fréquents. Psychologie humaine me direz vous.
Pour le choix 1, je veux bien comprendre. Si mes responsables transgressent la règle au détriment d’un collègue et que je les dénonce, qui me protégera d’eux.
Pour le choix 2, n’étant pas un psychopathe, je ne peux pas comprendre. Mais certains ont moins de scrupules que moi.
On en revient à Julian Assange. Vous trouverez sa biographie sur Internet. Ce qu’on retient c’est qu’il est le fondateur du site WikiLeaks et qu’il a cautionné la diffusion d’informations qui ont mis en cause l’armée américaine. En 2010, WikiLeaks a diffusé des sources transmises par le soldat Manning qui démontrent la responsabilité de l’US Army dans la mort de civils en Afghanistan et apportent des preuves sur des actes de tortures en Irak.
À partir de là, Julian n’a pas été lâché par l’administration américaine. Vous l’avez vu pour Snowden, ils ne pardonnent pas. Et le fait qu’il soit australien n’y change rien. Il aurait dû mieux choisir ses combats. Le 19 juin 2012, il trouve refuge dans l’ambassade de l’Équateur à Londres. Il s’y pense en sécurité et espère que cela va se tasser mais ses adversaires ne lâchent rien.
Pour obtenir la grâce américaine les britanniques mettent en place une surveillance continue de l’ambassade équatorienne. En parallèle, Assange est accusé d’un ‘viol’ en Suède et doit comparaître dans ce pays alors qu’il ne peut sortir de l’ambassade sans risquer l’extradition. Pour finir, le changement de président en Équateur entraîne l’expulsion d’Assange de l’ambassade ce 11 avril 2019.
Sans rentrer dans la paranoïa, je reconnais l’habileté de la diplomatie américaine pour arriver à ce résultat. Tout cela pour pouvoir le juger.
Et puis après ? Quelle image vont-ils donner au monde en jugeant Assange ? Et pour quel motif ? Divulgations de documents confidentiels ? Non, partage d’informations ? En faisant cela, ils devront s’expliquer sur ces documents. Expliquer leur caractère confidentiel. Ne cherchaient-ils pas à faire l’inverse ?
WikiLeaks n’a pas disparu. Bien au contraire, de nombreux autres projets similaires se sont créés. Pour le bien de tous. Les excès de pouvoirs nuisent au bien commun et à la société. Il me semble que des scandales comme les Panama Papers et les LuxLeaks proviennent de ces nouvelles plateformes. Des erreurs, des abus peuvent être commis, et sans contre pouvoir, la société ne peut progresser.
C’est l’effet Streisand qu’ils vont obtenir. Ils donneront plus de crédits et de force à ces plateformes. Pour le bien de tous. A condition, que l’on veuille bien regarder.