Me serai-je trompé ? Au lieu de stagner ou de s’effondrer, le bitcoin s’envole. Il y a quelque chose d’étrange dans cette histoire. Une monnaie est un titre de dette. L’émetteur de ce titre sait prouver qu’il pourra toujours le rembourser. Les monnaies virtuelles n’étant adossées sur aucun actif, il faut avoir confiance pour penser qu’elles seront remboursées. Et cette confiance tient à ce qu’on appelle la Blockchain
Chaque transaction est enregistrée dans un registre nommé chaîne de blocs (Blockchain). Chaque acteur d’une monnaie virtuelle possède une copie de ce registre et peut le mettre à jour. Une mise à jour, ou transaction, doit être validée simultanément sur toutes les copies du registre. Pour cela il faut effectuer un calcul mathématique et faire valider ce calcul par au moins la moitié des possesseurs d’une copie du registre.
Le calcul mathématique permet aussi de créer de la monnaie virtuelle, une pièce de puzzle d’une énigme mathématique. C’est initialement cela qui rémunère ceux qui permettent de valider les transactions : les mineurs. Mais une Blockchain peut se passer de cette création de monnaie pour fonctionner. Les mineurs se rémunèrent alors en prélevant des commissions.
Le registre ressemble à une collection de fiches. Sur chaque fiche (bloc) sont inscrites différentes informations. Dans le cas d’une relation commerciale, comme le paiement d’un service, on inscrit sur le bloc, la nature, l’adresse de l’acheteur et du vendeur et le montant de la transaction. Un dernier élément est inscrit dans cette fiche. Il s’agit d’un lien (chaîne) qui identifie et certifie la transaction précédente.
Quand je parle d’adresses, il s’agit d’adresses virtuelles basées sur des mécanismes de cryptographie. Donc, à part un tiers de confiance qui héberge le porte monnaie, personne ne peut remonter à l’acheteur ou au vendeur. Ces mécanismes sont basés sur ce qu’on appelle des fonctions de hachage pour le calcul des liens et des adresses et des clés privées/publiques, pour l’identification unique des acteurs. Amis des mathématiques, vous comprendrez.
Les Blockchains peuvent avoir d’autres applications que des échanges financiers. Ainsi, le Ghana s’en sert pour établir le cadastre. Carrefour permet de suivre les produits vendus dans ses grandes surfaces. Le MIT permet aux recruteurs de valider les diplômes d’un postulant. En pratique, les applications les plus répandues restent commerciales avec l’échange de monnaies virtuelles.
Quelles sont alors les promesses de ces monnaies virtuelles ? Prenons l’exemple de la monnaie virtuelle racine, qui est aussi la plus utilisée, le Bitcoin (BTC)
L’anonymat
En principe, les échanges sont fait d’adresse à adresse. Il est possible de changer d’adresse à chaque transaction. Donc seule la plateforme qui héberge vos BTC peut vous relier à votre vendeur de biens. Cela me rappelle les VPN ‘no-logs’ qui juraient ne pas garder de traces de vos pérégrinations sur le Net.
La décentralisation
Les monnaies virtuelles sont créées ex nihilo. Elles ne dépendent pas des États ou du système bancaire. Il ne peut donc y avoir de surveillance de la part des systèmes dominants. De plus, ce système assure qu’aucun acteur ne peut modifier la Blockchain de façon unilatérale. En effet, il faudrait posséder 51% des copies de registre pour réécrire celle-ci et valider de fausses transactions. En principe, cela est impossible. En pratique …
L’absence de frais
Cela fait bien longtemps que les mineurs ne se rentabilisent plus avec les preuves de travail. Imaginons que vous voulez envoyer de l’argent à vos enfants. Il vous faut convertir vos euros en BTC, transférer ces BTC sur le portefeuille de vos enfants. Ils doivent ensuite échanger ces BTC en euros. On est dans un cas simple où il n’y a que 3 transactions. Mais à chacune, il y aura des frais (entre 0,05% et 3% de la somme transmise suivant l’étape).
La rapidité
Si vous voulez payer un minimum, vos transactions peuvent prendre des jours, voire plus. Il faut donc accepter de financer ce système pour revenir à des temps de réponses raisonnables. Pour un échange entre 2 portefeuilles de BTC et en versant une commission, l’échange peut être quasi instantané.
La confiance
C’est là que réside le paradoxe des monnaies virtuelles. La multiplication des applications des Blockchain nécessite un moyen de financement. Plus il y a d’applications, plus il y a d’échanges. Donc le système est fiable puisque financé par les transaction et qu’à tout moment, il est possible de sortir du système. Pourtant, en l’absence de contrôle, les spéculations (ICO, IEO, …) et les arnaques (pyramide de Ponzi, …) sur les monnaies virtuelles sont légions.
Cela me paraît encore bien fragile. Une part de cette confiance est basée sur l’ignorance des acteurs. Je n’ai que effleuré les mécanismes principaux. Mais reconnaissons que les forts en Maths du collège ont réussi l’exploit de créer de la confiance dans un environnement qui n’est plus si virtuel que cela.