Un des objectifs de l’informatique est d’automatiser les actions simples afin que les utilisateurs puissent se consacrer pleinement à leur métier. Basta les tâches administratives lorsque quelques clics remplacent les actions qui nécessitaient avant des coups de fils aux services administratifs de l’entreprise et des formulaires à remplir. Enfin, çà c’est ce que je pensais. Plus le temps passe et plus j’ai l’impression que l’on multiplie les procédures inutiles dans les entreprises.
L’étape 2 est désormais en route. Après avoir imposé des procédures complémentaires et souvent inutiles (appelez cela des workflows c’est plus corporate), désormais on paie des gens pour suppléer des programmes informatiques. Reconnaissance d’écriture, sous-titrage de vidéos, description d’images, interprétation d’un enregistrement sonore, … toutes ces activités que même la plus intelligente de IA ne peut réaliser à 100% est à la portée de presque n’importe qui.
Il existe des sites qui proposent donc à chacun de réaliser ces micro-tâches contre une rémunération à la hauteur … quelques centimes par tâche pour une minute de travail. Ramené au Smic, on est plus proche de l’Inde que de la France. Mondialisation oblige me direz-vous. Si on compte le coût de la vie, je ne suis pas sûr que ce type de travail soit rentable en Europe.
Et pourtant, en entendant le reportage d’Europe 1 sur les ‘travailleurs du clic’, j’apprends que 50000 personnes en France pratiquent régulièrement ce type d’activité. Je vous laisse visualiser l’article. Bien que incomplet, ce reportage soulève plusieurs questions que des universitaires se feront fort de transformer en thèses. Pour ma part, c’est la partie ‘manipulation d’audience’ qui me dérange.
La notoriété d’un site et son référencement sur les moteurs de recherche est lié au nombre de personnes qui le consulte. Plus des gens viennent sur ce site et plus il est reconnu comme populaire et donc mis en avant par les sites de référencement. Les ‘travailleurs du clic’ peuvent donc gagner de l’argent en cliquant sur les pubs qui renvoient vers ces sites et en créant des comptes.
On fausse tout. Les sites populaires ne le sont pas vraiment. Les propriétaires de ces sites ont payé pour être mis en avant. Et c’est une armée de ‘robots’ humains qui font le travail de prescripteurs auprès des robots des sites de référencements. Cela pourrait être de ‘vrais’ robots virtuels, mais ces derniers sont empêchés par des tâches basiques (les captchas) qui sont demandées à la création d’un compte. Dans ce cas, les ‘travailleurs du clic’ vendent leurs identités numériques en tant que prescripteurs.
Ne pensez pas que le phénomène s’arrête à la France. Il est mondialisé. Et comme bien souvent, il n’est pas orienté pour le progrès de l’humanité mais pour le bénéfice de quelques grands groupes. Ce n’est pas la technologie qui fait le bonheur ou le malheur des gens, c’est son usage. Ubu reigne sur la Terre et sur Internet.
Petite information pour boucler la boucle. Souvenez vous des captchas, ces textes déformés utilisés pour contrôler que vous n’êtes pas un robot. Ils ont un autre usage. Généralement, il y a deux codes à renseigner. En pratique, un seul code est nécessaire, le second, aussi appelé reCaptcha, correspond parfois à un texte numérisé mais non reconnu par un logiciel de reconnaissance de caractère. La saisie de captchas permettait donc de reconnaître des textes numérisés. Les entreprises du numérique vous remercient de les aider bénévolement à préserver le patrimoine littéraire.