Machinalement Robert appuie sur le dernier bouton de l’ascenseur. Il s’ennuie ferme au 3ème étage et veut une réponse auprès de ses chefs. Depuis des années qu’il contrôle des paquets réseau, il espère du changement. Pourquoi depuis tant d’années n’a-t-il eu aucune promotion ? Il ne redescendra pas tant qu’il n’aura pas d’explications.
Pendant que l’ascenseur de verre grimpe, Robert peut apercevoir les services des étages supérieurs. Alors qu’une animation frénétique règne au 4ème étage, le 5ème étage semble laissé à l’abandon. Comment les administratifs peuvent-ils abandonner un étage ? Au moins dans son service, tout est réglé à la baguette. 6ème étage, le cadre lui paraît plus éthéré. Enfin le 7ème étage.
Sortant de l’ascenseur, Robert sent l’angoisse monter. S’il est facile de se plaindre seul dans son bureau, comment va-t-il justifier son abandon de poste ? Certes, ses collègues se débrouilleront pour le remplacer. Mais, là n’est pas la question. Robert en a gros et veut des réponses. Les premiers pas à l’étage des chefs, notre douanier se demande s’il est au bon endroit.
L’étage est immense et un calme étrange règne. Dès le seuil, des couloirs partent dans différentes directions. Des dizaines de portes s’alignent sur chaque couloir. Robert pousse une porte au hasard et avance dans la pièce. “Vous avez vu l’heure ?” lui hurle un lapin blanc qui regarde sa montre à gousset. “Il est temps de mettre à jour les horloges”. Ouvrant les yeux, Robert aperçoit des dizaines de cadrans alignés dans la pièce.
Le lapin blanc se met à générer un rapport qu’il jette frénétiquement dans un système pneumatique. “S’ils ne me répondent pas dans la milliseconde, ce sera un scandAAAle !”. Dans la foulée, un tube est rejeté du système et l’animal règle sa montre et s’enfuit par la porte. Robert se dit qu’il faut le suivre. Peut-être le conduira-t-il vers un décideur ? Mais le douanier est trop lent et perd sa trace.
Au hasard Robert tente une autre porte. Des dizaines d’archives s’entassent dans la pièce. Des toiles d’araignées jonchent les murs. De toute évidence, cela fait des années que personne n’occupe plus le lieu. Robert ouvre un dossier : /msg mlleJeanne “Salut, ASV”. Impossible de comprendre le message. Mais d’après la date, cela remonte à la fin du siècle précédent.
Alors qu’il sort du bureau, notre héros entend un bruit provenant de l’autre côté de la pièce, un ancien employé semble endormi sous les archives. L’étrange personnage semble serein et ne prête attention ni à son visiteur ni au capharnaüm qui règne dans son bureau. Ne voulant pas de problèmes, Robert sort discrètement de la pièce en faisant attention à refermer doucement la porte.
De retour dans le premier couloir, notre douanier s’interroge, jusque-là il n’a croisé qu’un lapin survolté et un bibliothécaire assoupi. Ce ne sont pas ces deux là qui vont répondre à ses questions. Il reste des dizaines de portes à ouvrir. Robert a tout son temps puisque ses collègues gèrent la situation. Alors, avec un peu de persévérance, il trouvera bien quelqu’un qui répondra à ses questions.
Robert se rappelle d’une discussion avec un collègue du 4ème étage au bar des protocoles après une soirée animée. Si Robert garde l’entrée de l’immeuble, son collègue redirige les paquets dans les bonnes boîtes aux lettres. Et de ce que dit son collègue, l’une d’entre elle reçoit beaucoup plus de courrier que les autres. Sûrement la boîte aux lettres du grand chef se dit le douanier.
Robert doit donc redescendre et consulter son collègue pour avoir plus de renseignements. Ainsi, il pourra trouver le vrai responsable de sa non-évolution professionnelle. Direction l’ascenseur. Notre ami ignore que l’aventure ne fait que commencer.