Les dessinateurs ont toujours eu du mal à se faire une place dans ce monde. Dès l’école, on leur répétait que c’était bien joli ce qu’ils dessinaient, mais ce n’était pas le sujet. Ce n’est pas cela qui les ferait vivre plus tard. Pourtant, ils ont toujours eu leur place dans la société. Riches mécènes et publicitaires avisés trouvent dans ce mode d’expression un moyen d’animer les sociétés.
Depuis Internet, la position des artistes ne s’est pas améliorée. Leurs œuvres sont pillées. Des petits malins et des commerciaux sans scrupules demandent des prestations pour 3 fois rien, puis revendent le résultat à des milliers d’exemplaires. Un pigeon gratuit et une mangue ont bien essayé de les protéger sur les réseaux sociaux en rappelant la réalité de l’activité et les droits des artistes.
Mais tout cela, c’est fini. Désormais, l’intelligence artificielle (IA) s’en mêle. Les projets concurrents à DALL-E se sont multipliés. Et, ils sont doués. Skynet a pris les crayons et est à mi-chemin de remplacer les artistes. Et le résultat est bluffant. Comment faire face à une telle concurrence ?
Comment des logiciels peuvent-ils créer ? Parler de création est très exagéré. Si on parle du premier artiste, Craiyon, il se contente de photomontage à partir de mots clés indiqués. Son style s’apparente à un enfant qui découpe des personnages dans un magazine et les recolle sur un arrière-plan. Je ne suis pas fan, mais peut-être ne lui ai-je pas demandé, en anglais, des sujets intéressants.
Midjourney a un style plus recherché. Il se veut proche du photoréalisme même lorsque les thèmes ne s’y prêtent pas vraiment. C’est à croire que son GAN travaillait avant chez Disney. En tout cas, il risque de faire du mal aux illustrateurs humains.
Mais l’artiste le plus prometteur reste le projet originel qui revient en version 2. Comme dans tous les thriller pour ado, il risque de faire beaucoup plus de dégâts que son grand frère. Demandez-lui, il fera ce que vous voulez. Plus besoin d’être un expert de photoshop, il interprète vos ordres à la perfection. Et il crée des images bluffantes suivant le style attendu.
Avec ces IA, les mots deviennent des images … sommes-nous à l’aube d’un nouveau monde ? Celui où les programmes remplacent la dernière activité humaine que l’on pensait inaccessible. Et c’est bien l’utilisateur final qui choisira.
Pourquoi payer un graphiste quand une machine arrive à un résultat similaire pour quelques centimes d’énergie ? Et en plus, il prend en compte toutes nos remarques et les applique presque instantanément.
On pourrait envisager de taxer ce travail et de le répartir les fonds pour les artistes. C’est bien leur travail originel qui a alimenté les bases de connaissances de ces IA. Mais cela reviendrait à taxer aussi le patrimoine commun. Oui, on le fait bien en France avec la SACEM, mais il ne paraît pas envisageable de fermer des frontières virtuelles.
Qui empêchera un utilisateur de commander son illustration dans une ferme de serveurs en Chine ? Et puis le client participe aussi à la création. C’est lui qui apporte l’idée du sujet même s’il ne tient pas le pinceau. Cette évolution apporte de nouvelles sources de créativité.
La technique verra son domaine limité à l’exécution d’une œuvre dans un cadre réel, comme c’était le cas avant l’arrivée de l’informatique. Infographiste est un métier récent dont l’avenir semble obstrué par les machines, à moins que ces dernières ne sombrent dans l’alcoolisme.
Quelque chose me fait dire qu’on va bientôt entendre parler de cette révolution artistique dans ce monde entouré d’images plus ou moins réelles.