Rétroaction numérique

Ils sont là. Partout. Ils ont nous remplacer … les grands modèles de langages (Large Language Model, LLM). Quand on voit les usages et les réponses, il y a encore du travail. Mais, tous les domaines intellectuels de notre société moderne sont en train de passer par la moulinette des intelligences artificielles. 

La moulinette ? La phase qui permet de créer un de ces grands modèles. Certains pensent encore qu’une intelligence artificielle générale peut être créée, une divinité omnisciente numérique. Mais c’est oublier l’une des règles de notre monde : ne reste que ceux qui sont adaptés à leurs environnements. 

Créer un modèle gigantesque qui contiendrait toutes les connaissances de notre monde pour être interrogé par des gens qui se demandent si la Terre est plate, c’est inefficace. Imaginez l’énergie phénoménale pour traverser autant de connaissances et répondre à quelqu’un enfermé dans des croyances obscures. 

L’avenir des IA, ce sont des modèles spécialisés dans des domaines précis. Pour prendre l’image du monde réel, pour monter un mur, je m’adresse à un maçon. Je ne m’adresse pas à un plombier/chauffagiste/kinésithérapeute qui fait des conférences théologiques le samedi matin et de la maçonnerie par beau temps.

C’est ainsi que des modèles spécialisés apparaissent. A tout seigneur tout honneur, les modèles spécialisés dans le développement informatique arrivent avec des fonctionnalités intéressantes. Le Copilote ne se contente pas d’écrire le code par rapport à une demande écrite. Mieux que le Low Code.

Les domaines non-informatiques voient aussi arriver leur modèle de langage spécialisé. Ainsi, on confie aux IA des tâches de secrétariat. Désormais, elles peuvent répondre aux mails, prendre les appels téléphoniques ou faire tourner en bourrique les importuns. Artistes et notables voient aussi leurs domaines investis.

Mais comment on crée un modèle de langage spécialisé ? Ce sera l’objet d’un futur article. Je ne me suis pas assez renseigné pour cela. C’est toujours simple quand on a tous les éléments. Mais reprenons …

Une caractéristique des IA est donc de produire du contenu. Selon sa pertinence, ce contenu pourra être utilisé pour optimiser le LLM ou en concevoir un autre. Cette boucle de rétroaction, sous le contrôle des propriétaires des modèles, permet au modèle de toujours mieux répondre. Mais cela pose des questions.

A terme, si les contenus utilisés pour apprendre à un LLM sont tous issus d’un autre LLM, que reste-t-il du domaine d’origine ? Imaginez que ce qui plaise au public soit des tableaux, des musiques, des films, … réalisés par des IA qui se sont inspirées uniquement d’autres IA. Où se trouverait l’intelligence humaine dans cet univers ?

Si cette question est dérangeante dans le domaine des arts, elle devient problématique dans le domaine scientifique. Imaginons une découverte scientifique dont aucun de nos plus éminents chercheurs ne pourrait en comprendre la logique. Devrait-on exploiter ces connaissances ?

Ne serions-nous pas comme des primates devant les panneaux de contrôle d’une centrale nucléaire ? Bien utilisé, cela nous mettrait à l’abri du besoin énergétique pour des décennies, mais les risques de fausse manipulation nous conduiraient à notre propre destruction. Et nous n’en aurions même pas conscience.

J’exagère pour le domaine scientifique. Il faudrait avant cela que les IA atteignent la singularité. Et ce n’est pas avec les modèles mis en place qu’on y arrivera. Tout au plus, ces outils nous aident à affiner notre compréhension de notre environnement.Par contre, des producteurs véreux qui nous abreuveraient de divertissements virtuels …

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