Alors que je me réveillais en écoutant la radio, j’entendis l’animateur s’exprimer sur un sujet. “Nous sommes en cyberguerre avec les Russes”. Voilà un sujet bien intéressant. A défaut de guerre sur le terrain, c’est dans le cyberespace que nous affronterions la Russie. Mais qu’est ce qu’une cyberguerre ?
Envoyons-nous notre cyber armée dans le cyber espace ? Qui sont les commanditaires et quelles sont les cyber victimes ? Ce rapport avec la situation russo-ukrainienne est un moyen d’informer l’auditeur. Mais le traitement simpliste de l’animateur ne fait qu’entraîner l’audience vers une information volontairement fausse.
Internet est la contraction des mots ‘inter’ et ‘network’. Littéralement cela signifie entre les réseaux. Et on parle ici des réseaux informatiques. Le cyberespace est l’ensemble des équipements accessibles depuis le réseau. Ces équipements mettent à disposition des ressources accessibles à tous ou non. C’est 50 nuances de Web.
Ces serveurs de données existent dans le monde réel. Ils sont localisés dans des pays. Ils appartiennent à des entreprises, des particuliers, des universités, des gouvernements, … Ce sont des propriétés privées ou publiques. Ces équipements mettent à disposition d’un public des informations sur lesquelles il peut réagir.
L’information est le nœud de la guerre. Suivant sa pertinence, elle peut avoir plus ou moins de valeur. Si le WEC est un invasion de ma part pour expliquer la cybercriminalité, cette dernière reste réelle. Bloquer un hôpital pour réclamer une rançon sont des actes odieux mais quotidiens.
La cyberguerre c’est lorsqu’un État utilise des compétences en informatique pour détruire les infrastructures d’un autre État à travers Internet. Lorsque les américains engagent des ingénieurs pour saboter centrifugeuses et ainsi ralentir le programme nucléaire iranien, c’est un fait de cyberguerre.
L’animateur radio n’apporte aucun exemple de cyber acte de guerre russe. Tout au plus, il pourrait dénoncer les actes d’espionnage à travers le réseau ou la manipulation de l’information. Mais non, il s’attarde sur le risque nucléaire et invente un narratif sur les conséquences d’une hypothétique attaque.
Devant son interlocuteur qui ne cherche qu’à évoquer des faits, l’animateur l’oriente en espérant une information sensationnelle. “Nous sommes dans le camp du bien et les Russes sont les méchants”. Voilà le narratif que cherche à placer la vedette. La réalité est bien plus nuancée.
L’Armée Rouge ne pilonne pas nos infrastructures informatiques afin de nous désorganiser. En tout cas pas plus que les autres pays. Les attaques que nous subissons pour le contrôle de nos infrastructures proviennent du monde entier et sont majoritairement le fait de mafias. Mais pas que …
La guerre économique est réelle et s’ils peuvent déstabiliser leurs adversaires dans le cyberespace, certains ne se gênent pas. Devrait-on parler de cyberguerre lorsque c’est une mafia ou une entreprise concurrente d’un pays qui s’attaque à nos intérêts, à nos sociétés phares ?
Dans ce cas, nous sommes en cyberguerre avec la Russie … et l’Ukraine et la Pologne et l’Allemagne et les USA, … Mais ce n’est pas le narratif voulu. Devant le grotesque des propos réguliers de cet animateur, j’ai changé de fréquence pour mon réveil matinal.