Ok, le covid est une immondice et le seul moyen pour s’en protéger, en ce moment, est de rester confiné. Pour autant, même si les règles vont changer, nous commençons à nous adapter. Des tests permettent d’identifier les populations malades. La production locale de masque permettra de nous protéger un peu mieux. Ces outils doivent être fournis en priorité à ceux qui sont confrontés directement à ce fléau. Pour les autres, nous attendrons.
En attendant, les ‘scientifiques officiels’ réfléchissent pour améliorer la situation. Grâce aux outils informatiques, ils alimentent leurs supérieurs en indicateurs, statistiques et prévisions. Avoir la carte du champs de bataille, c’est bien. Et nos stratèges souhaitent aller plus loin. Le problème est comment. Copier ce que font les autres pays ? Oui, si on peut. Sans masques et tests en nombre suffisants, les options sont réduites.
En début de conflit, Orange disait qu’il pouvait déterminer, de façon anonyme, où avaient disparu les parisiens au début du confinement. Mais bien sûr, pourquoi ne pas utiliser le téléphone portable, le couteau suisse du XXIème siècle, pour améliorer les choses ? Cependant, il faut que l’idée soit acceptée de tous. Et je doute que beaucoup de gens acceptent de dévoiler leur quotidien.
Installer une application qui nous géolocalise et transmet en temps réel notre position ? Ainsi, une carte en temps réel permettra de déterminer qui nous avons croisé. Hors de question ! Étrange coutume qui consiste à fournir gratuitement ces informations privées à des entreprises qui jurent les utiliser pour gagner de l’argent (le lien chez Google) et le refuser à notre pays qui ne souhaite que nous protéger.
Et puis la Cnil, et les défenseurs de la vie privée, vont hurler devant ce fichage généralisé. Big Brother is watching you ! Il faut trouver une autre solution. La géolocalisation, quelle que soit sa forme, est donc abandonnée pour le salut numérique public. Puisque les smartphones nous accompagnent, ils seront les garants de notre santé et de la santé de nos données.
Comment deux smartphones savent-ils qu’ils sont proches ? En utilisant le réseau Bluetooth. Il s’agit d’un protocole qui est intégré dans tous les téléphones. D’une portée de 10 mètres à peu près, il permet la détection et le partage de données entre équipements informatiques. Nos stratèges vont donc demander aux entreprises américaines, Apple et Google, de forcer l’activation de ce réseau et l’enregistrement de tout nouveau contact.
En soit, l’idée est bonne. Un smartphone conservera l’historique des autres smartphones rencontrés. Ainsi, on saura avec qui a été en contact le propriétaire. Si ce dernier est malade, en interrogeant le téléphone, on saura qui prévenir. Et donc qui confiner. Plus de besoin de mener l’enquête.
En pratique, cela risque d’être une autre histoire. Pour leur image, Apple et Google se mettront d’accord et modifieront leurs programmes pour satisfaire les autorités françaises. Mais ces informations resteront-elles réellement privées ? Entre la NSA et les petits malins qui détourneront ce protocole, le respect de la vie privée sera mis à mal. Sans rien demander, vous récupérerez le ‘06’ de la jolie blonde que vous venez de croiser.
Ensuite, tout le monde n’a pas un téléphone Apple ou Android (système Google). J’entends les trolls dirent que les utilisateurs de Raspberry, Windows Phones, Symbian et autres systèmes exotiques ont presque disparu, ‘Ce sera l’occasion de faire le ménage.’. Cela veut surtout dire que ce 1% à part ne sera pas tracé, avec tous les risques que cela implique. Je nuance, utilisateurs de Symbian, installez Aka-aki.
Dernier point, si je suis testé positif, qui sera contacté ? J’habite dans un immeuble. Avec ce protocole, tous mes voisins de paliers seront considérés comme rencontrés. Je ne fais pas mes courses dans les centres commerciaux (j’utilise le Drive), sinon la liste des personnes croisées serait impressionnante. Va-t-on tous les confiner ? Heureusement que je n’habite pas au rez-de-chaussée, à côté d’un commerce alimentaire.
L’enfer est pavé des meilleures intentions. Et les novices en informatique pavent le plus en ce moment. À vouloir concilier la chèvre et le choux, la sécurité et la liberté, on se retrouve avec des outils inutiles sur lesquels reposent notre sécurité.