Le génie n’est pas une personnalité toxique en soi. Il s’agit de quelqu’un qui assimile les concepts techniques avec beaucoup de facilité et sait lesquels appliquer dans les situations qui lui sont présentées. Souvent ses compétences techniques sont autant plus avancées que ces compétences relationnelles sont peu développées. Le génie a donc besoin d’un support stable pour s’exprimer correctement au sein d’une entreprise.
Non, le profil toxique ce n’est pas le génie, mais son cousin, le génie … du mal. Reprenons la fiche de personnage de notre génie. Transférons quelques points d’intelligence et transférons-les dans la compétence ‘fierté’ (‘charisme’ me diront les rôlistes). Son alignement passe de ‘loyal/neutre’ à ‘chaotique/neutre’ (en pratique on est souvent plus prêt du chaotique/mauvais’).
Le génie du mal ressemble en apparence beaucoup à son cousin. Il comprend rapidement les concepts techniques mais de façon toujours incomplète. Il les présentent donc aux autres collègues de l’équipe comme s’il s’agissait d’une évidence mais ne se préoccupe jamais de ce qu’il considère être des détails. La perte de points d’intelligence semble à l’origine de cela et les conséquences en sont souvent terribles lors des mises en pratique.
S’il sait expliquer ce qui lui semble évident, le génie ne sait pas rédiger un support. Il se contentera au mieux d’aligner des mots sur une présentation. La mise en forme est inutile pour lui. Il est au dessus de ces concepts esthétiques. Si vous êtes support de ce génie, c’est lors de cette étape que vous saurez dans laquelle des deux catégories le ranger. S’il vous apporte toutes les informations demandées, c’est un génie. S’il considère votre demande de complément comme stupide et inutile, alerte toxique, c’est un génie du mal.
Et le projet se poursuit. Le choix de la technologie sera acclamé par la hiérarchie. Cela paraît évident puisque le génie semble totalement convaincu. Mais vous ne l’êtes pas. Vous avez voulu ajouter quelques réserves mais on vous reproche votre manque de foi. « Ce ne sont que des détails après tout. » commente le génie. Un vrai génie se serait questionné sur vos interrogations et vous aurez apporté les détails manquants. Mais ce n’est pas le cas ici.
Arrive la phase critique de la réalisation : l’application de la technologie au besoin émis par vos utilisateurs. Il s’agit de confronter le besoin réel avec la solution technique proposé. Si vous travaillez avec un génie, il s’assurera d’apporter une solution à chaque difficulté rencontrée. Il travaille vite et bien. Mais comme vous êtes avec un génie du mal, cela ne se passera pas ainsi. Et vous subirez pleinement sa toxicité.
Les points que vous aviez signalé et qui étaient considérés comme des détails se révèlent être plus gênants. Le génie du mal ne sait pas estimer le risque d’une technologie. En informatique, les serveurs vont s’effondrer sous la charge. En bâtiment, un immeuble qui s’effondre c’est plus difficile à récupérer. Et même si le projet arrive à son terme, l’utilisateur sera déçu par le résultat car trop éloigné de ces attentes. Pour le génie, l’utilisateur ne connaît pas son besoin 🙂
Devant une difficulté, le génie du mal va appliquer une solution qui répond partiellement au besoin exprimé. L’utilisateur ne peut accepter cela et c’est à vous de résoudre chaque désordre provoqué. Et vous allez passer beaucoup de temps à corriger tous les désordres. Et pendant ce temps le génie du mal expliquera que c’est vous et vos collègues qui ont mal interprété ses recommandations.
Résultat ? Un projet qui devait être terminé en 6 mois va prendre 6 mois de retard. Pendant ce temps, et même si vous avez tous les arguments techniques, ce ne sera pas le travail du génie du mal qui sera remis en cause mais le vôtre. Il expliquera, avec condescendance, que vous avez simplement mal compris, même si vous avez fait écrire les risques de la technologie, souvent les responsables ne les liront même pas de peur de se priver du génie.
Le génie du mal part toujours avant la mise en pratique de ces théories fumeuses. Il passe à un autre projet qui a entendu grand bien de son talent. Ne pensez pas qu’il le fasse volontairement. La plupart des génies du mal ne prennent même pas conscience des tort qu’ils font. Le vrai problème se situe souvent au dessus.
Lorsque le génie du mal arrive dans une entreprise ‘saine’, il est très rare qu’il survive plus de deux chantiers. Pendant ce temps vous ramerez encore pour rattraper ses erreurs et vos supérieurs vous reprocheront les retards.