Comme tout super-vilain, le Faussaire a commencé petit, très petit. Sa première mauvaise action s’est présentée avec l’avènement d’Internet. Il a perçu très vite la vitrine qu’est Internet et l’importance pour les entreprises d’y être visible. Et quoi de plus corporate pour un grand groupe d’avoir son site vitrine disponible à tout moment de la journée. Le point d’entrée d’un site est son nom, celui connu par les serveur DNS et préfixé du magique ‘www’.
‘www’ pour World Wide Web ou la large toile mondiale, est un indicateur d’une ressource destinée à être diffusée à l’ensemble d’Internet. Elle est suivi du fameux nom de domaine. Ce nom n’est pas choisi au hasard. Après réflexion, il doit correspondre au projet que l’on souhaite exposer sur le réseau mondial. Ensuite, il faut s’adresser à un registrar, pour formaliser la redirection des serveurs DNS vers le serveur web.
Le registrar propose différentes extensions pour le nom de domaine :
- ‘.com’ pour les entreprises, par exemple macompagnie.com.
- ‘.fr’ si vous voulez afficher votre patriotisme, par exemple macompagnie.fr.
- ‘.edu’ si vous vous destinez à l’éducation.
- ‘.tv’ si vous êtes une société de programmes télévisuels ou si vous résidez aux Tuvalu.
- Et beaucoup d’autres extensions suivant les pays ou les situations.
Bien sûr, le ‘.com’ est le plus recherché. Il montre la présence internationale de votre projet.
1nc0l45 est petit. Il pense petit, même dans ses mesquineries. Pourtant, sa vie n’a rien de malheureuse. Une famille aimante, des amis, une compagne … rien ne laisse à penser qu’il souhaite devenir un cyber-délinquant. Pourtant, sous un faux nom et une fausse adresse, il enregistre pour son compte personnel le nom de domaine macompagnie.com et le redirige ailleurs. Pourquoi ?
Le sait-il vraiment lui-même ? La légende dit qu’il s’agit d’une vengeance envers d’anciens associés. La réalité est tellement plus basse et ce coup d’éclat n’a aucune envergure. 1nc0l45 ne sera jamais un protégé du Faussaire. Il n’entrera pas dans la grande famille du WEC. En effet, réaliser une manœuvre pour n’en tirer aucun profit, c’est le niveau 0 du cyber-délinquant.
Mais regardons les conséquences pour la société à qui appartenait ce nom de domaine. Lorsque ses lecteurs vont taper le nom du site www.macompagnie.com, au lieu d’arriver sur la page d’accueil de leur site favori, ils se retrouvent sur un autre site qui ne correspond pas. Ils ne peuvent plus accéder aux nouvelles de leur groupe favori.
Pour la société qui s’est fait volée son nom, les pertes peuvent être considérables. Leur vitrine sur le monde n’est plus accessible par personne. Si son activité est exclusivement liée à Internet, elle ne peut plus rien faire. Vendre des biens, organiser des événements, …, cela devient impossible. Reste le plan B, trouver un autre nom de domaine disponible et communiquer sur les moteurs de recherche et les réseaux sociaux pour indiquer la nouvelle adresse. Mais cela peut prendre plusieurs mois avant de retrouver la visibilité d’origine.
Si le nom de domaine est en ‘.fr’, il est possible de faire une requête auprès de l’AFNIC et du registrar pour déloger le cybersquatteur. Mais le passage devant un TGI rend le processus très long et il faut amener nombreux éléments sur la preuve du lien entre le nom de domaine et la société. S’il ‘s’agit d’un ‘.com’, en plus du temps perdu, l’ouverture du dossier coûte minimum 1500 $ et le résultat n’est pas assuré. La vengeance du nabot est assouvie.
Vous retrouverez la procédure pour chasser un cybersquatteur de votre domaine sur cet article du journal du Net. Quoi qu’il en soit, le meilleur moyen d’éviter le cybersquattage est de renouveler chaque année ses noms de domaines.
Il est très facile de retrouver le propriétaire ou le squatteur d’un nom de domaine et de le contacter s’il a laissé ses coordonnées. Recherchez le mot ‘Whois’ sur moteur de recherche ou cliquez sur le lien suivant : whois.domaintools.com. Ensuite saisissez le nom de domaine et vous retrouvez ses informations. Faites le test avec vos sites favoris, vous pourriez être surpris. Internet ne connaît pas de frontières.
Les motivations du Nabot volent au ras des pâquerettes. Dans la catégorie Troll, pour les municipales de Paris 2020, le site www.buzyn2020.fr renvoie encore sur le site de sa concurrente Anne Hidalgo. Le motif de l’affaire est juste au dessus le Nabot. Maintenant, lorsque le Faussaire réalise un cybersquattage, la stratégie est plus fine et l’intérêt plus inquiétant. Je vous raconterai tout, mais ce sera une prochaine fois.