Rappel de l’épisode précédent. HTML est en position de faiblesse. Son rival s’est imposé sur tous ses autres concurrents et veut désormais finir sa conquête. Pour cela, il envoie son avatar XHTML achever la conquête du Web. HTML résistera-t-il face à ce puissant adversaire ?
Le XHTML (eXtensible HTML), est un dérivé du XML qui reprend la syntaxe du HTML mais décrite par les outils du XML. Ainsi, il se veut compréhensible de tous les navigateurs tout en apportant les avantages du XML : la rigueur et l’universalité. Une page écrite correctement en HTML se transpose naturellement en XHTML.
La question est alors ‘Les développeurs web vont-ils utiliser la syntaxe XHTML ?’. La réponse nécessite de s’intéresser aux créateurs de sites web. Vous pensez qu’il s’agit d’un métier compliqué. En fait, pour des développeurs classiques, à la fin des années 90, les développeurs web sont considérés comme des ‘sous-développeurs’. Sans explication, cette phrase est brutale.
Historiquement, le HTML n’est qu’un langage de description. Il ne faut pas plus d’une semaine pour que n’importe qui apprenne la liste des balises HTML et sache s’en servir. De plus, aucun développeur web ne développe avec un éditeur de texte basique. Des logiciels comme FrontPage et DreamWeaver permettent à l’époque de créer des sites Internet comme une secrétaire saisit un document dans Word.
Le défi le plus complexe d’un développeur web est d’écrire un ‘formulaire’. Et même pour cela, il sous-traite la partie traitement des données saisies à de ‘vrais’ développeurs. Alors apprendre le XHTML, uniquement si Dreamweaver permet d’exporter leurs créations dans ce format.
Je plaisante bien sûr. Le travail des développeurs web a bien évolué au début des années 2000 avec l’arrivée du web 2.0. C’est une autre histoire mais cela va entraîner la pérennisation du HTML. De nouveaux langages apportent l’interactivité et adopte le HTML comme langage de description.Un langage n’est adopté que si tout l’écosystème l’adopte. Et les habitudes prises en HTML ne favorise pas le changement de technologie.
Malgré tout les avantages du XML, celui-ci ne remplacera pas le HTML dans le domaine des sites Internet. Les développeurs webs préfèrent un langage permissif qui tolère les oublis de balises. L’important est le rendu dans les navigateurs. Et ces derniers se sont habitués à ce langage même si le rendu est parfois aléatoire.
Malgré sa supériorité, le XML n’a pu s’imposer. Sa rigidité a déplu aux artistes du Web. Le mieux est l’ennemi du bien. Cela ne sert à rien d’être le meilleur, le plus complet, si les autres ne croient pas en vous.
Le HTML était déjà ancré comme langage de description des sites Internet. Il était adopté par ceux qui faisaient Internet : développeurs webs, designers, … De plus, tous ses manques ont étaient comblés par de nouveaux outils.
Le HTML ne permet pas de s’adapter au support. Qu’importe, la mise en forme est portée dans un fichier externe, la feuille de style (CSS) et des mécanismes de ‘Responsive Design’ permettent de s’adapter à l’écran. On ne peut se servir d’une page HTML comme base de données. Le javascript permet de parcourir le DOM (Document Object Model) d’une page. Problème résolu.
Si le combat HTML versus XML était un manga, le HTML gagnerait grâce au genkidama : tous les informaticiens d’Internet tendants leurs paumes en l’air pour apporter leur énergie au HTML. La chute de l’empire XML ne faisait que commencer.