C’est la folie dans le monde de l’art (comme toujours d’ailleurs). Les connaisseurs ont déniché un nouvel artiste qui se montre prometteur : DALL-E. Cet américain dont le nom se prononce comme le célèbre peintre espagnol, Dalí, se révèle prolifique et multiplie les créations avec une touche très personnelle.
Ainsi son premier tableau, un bébé radis en tutu qui promène un chien, fascine aussi bien les experts de l’Art que les experts informaticiens. Le style est enfantin, hésitant, mais multiple et apporte une fraîcheur dans un domaine où tout semblait avoir été vu. Un peu comme un art primal, DALL-E réinvente les codes de la perception du monde.
Si son style détonne, DALL-E se révèle un artiste des plus prolifique. Même lors de ses plus grandes années, Picasso ne créait pas autant. Le génie n’a que quelques semaines et a déjà apporté plusieurs dizaines de millions de créations. DALL-E n’est pas humain. Il s’agit d’une intelligence artificielle (IA).
Basé sur un réseau des réseaux de neurones stressés par des centaines de millions d’images sous-titrées, DALL-E se révèle un créateur exceptionnel. Les mauvaises langues diront que des signes de folie s’expriment dans ces œuvres torturées. Mais ce serait s’arrêter sur ses premiers essais. En effet, L’artiste n’est que l’interprète des demandes de ses commanditaires.
Ainsi, DALL-E écoute les demandes et ensuite produit une image correspondante. Il faudra l’inviter à la prochaine Japan Expo. À côté de Boulet, il dessinera un chevalier panda sur sa monture dinosaure en train de trancher des zombies en guimauve. Il devra inventer une signature (ce ne devrait pas être compliqué pour l’artiste) avant de passer au fan suivant dans l’interminable file d’attente.
DALL-E crée à partir des mots. Sur son site, il est possible de modifier les demandes. Ainsi, le bébé radis peut être remplacé par un pikachu en pyjama sur un monocycle. Les créateurs de DALL-E ne permettent que de voir les créations déjà réalisées en modifiant des phrases. L’artiste n’est pas ouvert au public. Il faut donc se contenter de listes de mots à défaut de pouvoir proposer.
Sa nature technologique le bride lourdement. Ainsi, notre maître ne connaît pas les sous-entendus. Tel un enfant appliqué, il cherchera à répondre à la demande sans voir le double sens des mots et pourra choquer. Mais qui doit-on blâmer ? DALL-E ? Non, il est trop jeune pour comprendre. Il ne fait qu’honorer des commandes et Pikachu se retrouve avec une roue dans le c.l.
Mais passons ces défauts de jeunesse. L’artiste ne se contente pas d’un seul style et à bien d’autres cordes à son arc. Il peut adopter un style hyperréaliste, tenir compte de la perspective ou de la lumière sur la scène qu’il dessine. En combinant des mots du dictionnaire, il dessine le mobilier à la mode dans le futur. Siège avocat et lampe fossile créés par DALL-E décoreront peut-être un jour nos intérieurs.
DALL-E sait aussi recréer les paysages. Demandez lui des photos du Capitole de nuit, et il créera des images prises par aucun photographe, donc libres de droits. Avec un peu de chance, il ne confondra pas avec le Capitole de Toulouse. Errare humanum est. Par contre, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les photographes amateurs et professionnels qui vendent leurs clichés.
Notre jeune maître, bien qu’à ses balbutiements, présente un talent considérable. Qui sait ce que l’avenir lui réserve ? Le verra-t-on bientôt dans les expositions d’Art ? Ou disparaîtra-t-il dans la cohorte d’artistes maudits, réduit à vendre son travail pour s’alimenter correctement ?