Après deux semaines à travailler dans le prêt à porter, Léa s’est habituée aux conditions de travail. Pourquoi aller en salle de gym lorsqu’on marche toute la journée ? Les écrans de contrôle continuent de l’agresser. Elle voit l’outil informatique comme un surveillant général. Heureusement les discussions échangées avec ses collègues lui apportent d’autres expériences que ce qu’elle vit actuellement.
Lors d’une pause, une collègue raconte son expérience dans une petite boutique. Le travail était plus intéressant. Entre renseigner les clients, encaisser les achats, replacer les vêtements sur les présentoirs, étiqueter les produits en sortie de stock, … l’activité était variée. La patronne lui laissait une certaine marge pour les produits à mettre en avant.
Ainsi, il n’était pas rare lors des moments de calme que les deux femmes discutent de la position de tel ou tel vêtement dans la boutique avant l’arrivée de clientes habituelles. L’employée ne se préoccupait pas des aspects financiers. Tout était géré dans un logiciel. Sa responsable décidait des prix des articles et des remises potentielles. Elle se concentrait sur son activité de ‘vendeuse polyvalente’.
Malgré les outils numériques, la boutique ne dégageait pas assez de bénéfices. De nos jours, les clients sont plus attentifs sur les prix. Sa patronne a dû se séparer d’elle.
Une autre fois, une collègue lui raconta comment fonctionnaient les boutiques avant la généralisation des ordinateurs. Le patron était plus souvent dans son bureau. Il échangeait avec les fournisseurs et fixait les prix dans un cahier qu’il ferait passer aux vendeuses pour réétiqueter. Parfois, il se promenait en arrière boutique et contrôlait les stocks
Les erreurs de prix étaient plus fréquentes alors que face à un code barre, le doute n’existe plus. Si l’erreur était en défaveur du client, la responsable de la boutique ne se plaignait pas. Il pouvait arriver qu’une étiquette se décolle. Dans l’autre cas, gare à la vendeuse fautive. L’activité était donc plus tournée sur les chiffres et le retour quotidien du chef était plus stressant.
Les papiers et les crayons ont disparu. L’étiqueteuse fonctionne toujours mais pour combien de temps encore. Même les codes barre pourraient disparaître, remplacés par des puces RFID. “Au moins le travail est plus simple” conclut sa collègue.
Léa ne sait que penser de cette évolution. Comment se réaliser quand tout est codifié, contrôlé, sans marge de manœuvre ? Elle ne voit que la gestion de stock. Et encore, une partie restreinte. Elle repense à son stage en entreprise au collège. S’agissant d’une petite entreprise appartenant à un ami de sa mère, elle avait eu une vision élargie des différentes activités dans le monde du travail.
Pour faire un peu de théorie, l’entreprise (ou Business en anglais) s’organise en activités appelées direction, département, services ou autre en fonction de leur taille et de celle de l’entreprise. On distingue 7 activités principales : commerciale, marketing, financière, industrielle, ressources humaines, achats et juridique.
Dans le cas d’une petite entreprise, il est possible de faire réaliser ces activités par une autre entreprise (B2B). Les cabinets comptables s’occupent des aspects financiers, les cabinets de conseils (avocats) traitent les affaires juridiques, … Cela a un coût mais reste moins élevé que d’embaucher quelqu’un pour traiter ces problématiques.
Plus l’entreprise est grande et plus l’activité sera découpée en sous-activité. Ainsi, dans le cas du prêt-à-porter, la direction industrielle doit s’assurer que les boutiques ont toujours les références identifiées par les autres services pour les clients en boutique. Elle gère donc la logistique du fournisseur jusqu’au présentoir dans le magasin.
Dans le cas d’une grande enseigne, cette activité est tellement découpée que le travail affecté à l’employé ne doit présenter aucune initiative ni aucune responsabilité. Même les postes de responsables sont très encadrés. Il est difficile de prendre du recul sur sa situation dans de telles conditions.