L’architecture ouverte : l’IBM PC

Imaginez. Vous êtes la plus grande et la plus puissante société technologique de l’époque. Votre modèle vous permet de vous imposer dans n’importe quel domaine moderne. Et vous voyez des hippies s’installer en face de chez vous. Ils vendent des technologies similaires mais pour les familles … pas pour les entreprises.

“Ça ne marchera jamais …”. Après un moment de réflexion, il y a peut être un marché. Mais il faudrait 300 ingénieurs pendant 4 ans pour y entrer, c’est impossible. Mais impensable de le laisser à ces bohémiens. Alors, vous écoutez le plus anarchiste de vos employés, celui qui n’a pas de pince remonte chaussettes. 

En 1980, William Lowe propose à ses employeurs d’entrer dans le marché de la micro-informatique. Pour cela, avec 12 autres ingénieurs et en 1 an, il va concevoir le premier ordinateur personnel (PC) d’IBM. Vous avez bien pensé à racheter le n°1 du domaine, Atari, mais laissons faire ce gamin. 

Devant un timing aussi serré, Lowe et ses collègues vont décider d’employer une architecture ouverte. Plutôt que de réinventer les différents composants d’un PC (processeur, mémoire, carte mère, lecteur disquette, carte graphique, …), il suffit de les acheter aux différents fabricants et de les assembler. 

L’ordinateur doit s’adapter aux différents composants. Ces derniers seront rattachés à la carte mère dans des ports aux dimensions standardisées. Les ingénieurs normalisent donc les connecteurs, dont le bus ISA dans lequel pourra se greffer les différentes cartes : graphique, sons, réseau, …

Pour que le système d’exploitation puisse discuter de façon standardisée avec le matériel, les ingénieurs créent un composant spécifique intégré à la carte mère, le BIOS. Ce composant breveté rend impossible la copie de la future star d’IBM.

Ainsi est né et commercialisé en août 1981 le premier PC. Évolutif, performant, standardisé et … très cher. Le prix proposé à l’époque fait qu’il sera principalement vendu aux professionnels. Mais pour ce faire il faut des logiciels. Et le premier d’entre eux est le système d’exploitation. 

Parmi les trois options proposées, un nouvel acteur se distingue par ses prix. Microsoft, après une aventure rocambolesque, livre sa première version de MS-DOS, un système d’exploitation qui ne sait faire qu’une tâche à la fois mais qui n’est pas cher en raison d’un système de licence souple. 

Le PC ne se vend pas aux familles, mais aux professionnels. Il faut donc un logiciel destiné à la production. Et ce sera Lotus 1-2-3. Pour les plus jeunes, il s’agit d’un tableur, utilisé aussi comme base de donnée primitive. Les entreprises ont leur logiciel de production et l’IBM PC se vend très bien … 

Les dirigeants d’IBM se félicitent. Ils vendent plus de micro-ordinateurs que les beatniks qui font découvrir l’informatique aux familles modestes. Laisser faire les originaux, cela peut être gagnant. Mais assembler un PC, c’est à la portée de n’importe qui. Et des constructeurs comme Compaq, HP, Olivetti, … se lancent sur le marché.

Par une astuce qui lie ingénierie et juridique, les constructeurs contournent les brevets autour du BIOS. Sans un bon avocat, la rétro-ingénierie aurait été attaquée. Mais avec de la méthode, plus rien n’empêche n’importe quel autre constructeur de faire comme IBM. Les premiers compatibles PC IBM apparaissent à des prix mieux adaptés aux familles.

En parallèle Microsoft produit une version adaptée aux clones de l’IBM PC. Trahison ? Non ! Licence commerciale. Bilou reste un partenaire fidèle mais attentif du géant. Le prix de ses licences arrange tout le monde. Mais çà c’est une autre histoire. 

On retient aujourd’hui que le premier PC a été construit par IBM. La stratégie d’architecture ouverte et d’assemblage de composants produits par des équipementiers externes a permis au PC de s’imposer. Cette même stratégie a fait qu’IBM n’a pu profiter de sa création à cause de clones plus performants et moins chers.

La stratégie d‘architecture ouverte est à l’origine de succès tels Microsoft et Intel qui ont profité de la démocratisation de l’informatique en étant du bon côté de l’histoire. Pour les autres grands noms … on verra dans les prochains articles

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Je vous laisse deux liens de vidéos intéressantes sur l’époque : 

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