Comment faire oublier un échec ? En le renommant et en réalisant une campagne publicitaire exceptionnelle ! Et c’est ainsi que naquit ‘Tous Anti Covid’ (TAC) sur les cendres de ‘Stop Covid’. Mais revenons un peu en arrière. Je caricature. Ils ont ajouté des informations et la possibilité de générer des attestations. Et ils ont fait des jeux de mots. Alors à la TAC !
Je reconnais que, comme notre actuel premier ministre, je n’ai pas installé l’application. Je ne devrais donc pas parler de quelque chose que je ne connais pas. Mais :
- De 1 , le sauveur de la France fait l’objet de nombreux articles.
- De 2, les sources sont disponibles sous GitLab et tout le monde peut voir l’avancée des développements.
Et c’est suffisant pour avoir de la matière sur le sujet.
Mais avant, je me dois quelques explications. Dans le cas d’un projet public, les développeurs peuvent mettre à disposition le code source et certains documents de travail à disposition du public. Pour cela, ils utilisent des plateformes spécialisées. C’est le cas de GitHub et de GitLab. Ces plateformes utilisent un logiciel de gestion de sources nommé Git. Ce dernier permet de gérer les évolutions (code source, interfaces, images, documentation, …) d’une application.
Sur le lien que je vous ai transmis, vous pouvez donc voir les évolutions de la documentation. Et, littéralement, ‘Tous Anti Covid’ est le nouveau nom de ‘Stop Covid’. Les schémas d’architecture n’ont pas changé d’un pouce. Robert est toujours au centre de l’affaire. Ce répertoire nous apprend les noms des parties prenantes de l’application : ANSSI, Capgemini, Dassault Systèmes, INSERM, Lunabee, Orange, Santé Publique France et Withings.
Non, il faut revenir un répertoire en arrière pour retrouver les sources des applications. Et la caverne d’Ali Baba s’ouvre enfin pour les développeurs. Chaque sous-projet y est détaillé. Les sources mises à disposition doivent permettre à n’importe quel développeur qui a les compétences dans les technologies de les traduire pour un ordinateur et de les faire fonctionner. L’étude des sources permet de comprendre ce que fait vraiment l’application.
Avant cela, regardons l’organisation des composants. Pour chaque famille de smartphone (Androïd ou iPhone), on distingue 3 types de composants : l’application, l’accès au Bluetooth et la procédure d’accès à Robert. Les autres composants concernent le fonctionnement de Robert et les protocoles de sécurité de l’ensemble.
Chaque composant du répertoire contient au moins 2 fichiers. Le fichier AUTHORS.md et le fichier README.md. AUTHORS.md liste les équipes qui ont travaillé sur le composant. On découvre donc que les applications smartphones ont été développées Dark Vador, KickAss, Batman et Watchman de la société lyonnaise ‘Lunabee Studio’. Tout un programme. Le fichier README.md explique rapidement ce que fait le composant. Ce n’est pas toujours clair.
Je vous laisse découvrir les auteurs des autres composants. Il semble que les développeurs n’aient pas voulu être associés à ce projet. Ils ont été engagés volontairement par leurs entreprises.
Mais continuons les constats. Un bouton ‘History’ permet de voir l’évolution des sources. Et cela confirme que les évolutions sont rares. Certes l’application smartphone évolue, mais c’est à peu près tout. La méthode de calcul de la distance entre 2 appareils n’a pas changé depuis 5 mois. Et c’est le problème. Il n’y a donc pas eu de retour d’expérience sur la détection d’autres personnes à proximité de soi.
Mais revenons aux applications. Elles ont intégré des nouveautés comme la possibilité de générer les attestations ou un fil d’actualité sur l’état des contaminations. Mais à part cela, les critiques de StopCovid restent d’actualité pour TAC.
Allons voir les rapports de bugs. Il s’agit de fichiers qui listent les difficultés rencontrées par les utilisateurs avec l’application TAC. C’est écrit en anglais. Curieux pour une application franco-française, sauf si les développeurs sont indiens. 146 signalements ont été faits et 71 sont en cours de traitement. C’est très peu pour une application utilisée par des millions de personnes. Les retours doivent être filtrés.
Je retrouve le problème bien connu de la durée de vie de l’attestation. Si le confinement est de retour, je vous conseille de faire une capture d’écran de votre attestation et du QR Code. TAC ne semble pas garder au chaud le précieux sésame. Les fameuses fuites de données ont été classées la semaine dernière. Et je ne vois plus non plus le ticket sur les erreurs de QR Code qui avaient ému la presse informatique française.
Je ne sais que penser de tout cela. Là, je n’ai fait qu’effleurer le vernis. Certes, la création de ce type d’application n’est pas simple lorsqu’on se veut universel. Mais les enjeux et les ambitions sont tels que TAC méritait plus des spécialistes de l’informatique que des spécialistes de la communication. Heureusement que 2020 se termine !