“Qu’est-ce qui vous dit que je suis une prise mâle ?” Arnaud, 30 ans, petit chauve barbu, revendique fortement sur le plateau de télévision. Il se revendique de sexe ‘prise usb’. Il est réversible. Mâle et femelle en même temps avec un côté pénible puisque la première et seconde tentative pour interagir avec lui échoue systématiquement.
Arnaud fait partie de cette génération déconstruite qui affirme une sexualité différente. Il a bien choisi son cas. Si l’USB est une réussite sur l’objectif de connecter tous les périphériques, le format des prises est l’un des plus catastrophiques.
En effet, quel génie du mal s’est dit qu’imaginer une prise mâle et femelle en même temps serait une bonne idée. Petit rappel, la prise mâle se termine par une pointe, la prise femelle se termine par un trou. Terminologie d’une autre époque que la génération progressiste n’a pas encore déconstruite, contrairement à la notion de maître/esclave pourtant nécessaire en informatique.
La première génération d’USB, dite USB type A ou USB-A, a placé la barre très haut en matière de pénibilité. Imaginez sur le câble, la prise hermaphrodite est cachée dans un cadre métallique parfaitement symétrique. Par contre, elle n’est pas au centre de sa protection pour permettre la connexion et s’assurer du sens du courant. L’USB portant de l’énergie, il ne faut pas inverser le ‘+’ et le ‘-’.
Qui dit type A, dit qu’il y a eu d’autres types. Rapidement est arrivé le type B qui règle le problème de symétrie et impose un port femelle sur les câbles. En étant asymétrique, impossible de se tromper lorsqu’on branche le câble. Mais comme il est utilisé pour des imprimantes, donc des équipements dont on ne voit pas forcément l’arrière là où est censé se brancher le câble …
De plus, qui dit deux types dit jusqu’à trois types de câbles : USB-A vers USB-A, USB-A vers USB-B et USB-B vers USB-B. En pratique, le dernier type n’a pas d’utilité. Le côté universel commençait à sentir le roussi.
Pour ne pas s’arrêter là, les équipements (téléphones portables, appareils photos, webcams, …) étant de plus en plus petits, il a fallu créer des formats de ports USB toujours plus petits. Ainsi, se sont ajoutés les types mini, puis micro. Et comme ils s’ennuyaient, les ingénieurs ont créé des variantes B à ces nouvelles normes. Je ne compte pas ici les formats USB propriétaires.
Pour être connecté à votre ordinateur, l’appareil photo numérique à besoin d’un câble dont l’une des prises est un USB-A et l’autre prise un mini USB-B. Le côté universel a de plus en plus de mal à se voir vu le nombre de combinaisons de câbles que cela fait.
Mais ne nous arrêtons pas là et créons une nouvelle itération pour les équipements les plus rapides. Ainsi est né l’USB 3.0. Si l’USB-A 3.0 se distingue de son ancêtre par une couleur bleue, pour la version micro USB-B 3.0 la forme a aussi été modifiée. Si on compte les combinaisons de câbles possibles, cela devient un cauchemar.
Du passé faisons table rase. L’avenir de l’universel est dans le nouveau type : l’USB-C. La prise est petite, fine et peut se brancher dans les 2 sens du premier coup. C’est au périphérique de faire attention au courant. L’avenir de l’USB sera féminin puisque les deux extrémités du câble sont des prises femelles. Les prises mâles sont intégrées dans les équipements à relier.
Oui, mais d’après vous, pourquoi en électricité on fait le contraire ? Pourquoi les prises dans les murs sont des femelles et celles dans les câbles des mâles ?
C’est un simple problème de solidité. Les mâles sont plus fragiles que les femelles. La pointe peut se tordre ou se casser. Tous les amateurs de réseaux des années 90 vous le confirmeront à la suite d’un accident de câble coaxial. Et remplacer un câble coûte moins cher que remplacer ou réparer un téléphone ou une carte réseau.
Alors, quand le gouvernement européen décide d’imposer l’USB-C à Apple, j’ai du mal à comprendre l’intérêt technique. Je ne suis pas Hanlon. Je ne sais pas si on doit mettre ce type de décisions de nos élites sur le dos de l’incompétence ou de la corruption. Les réparateurs de téléphones portables se frottent les mains.
Je reconnais toutefois que les lois de l’évolution ont eu raison des formats précédents des différentes prises USB. Ne reste aujourd’hui que des câbles (et donc des périphériques) USB-A vers USB-A, USB-A vers USB-C et USB-C vers USB-C … et l’écosystème Apple, plus fiable à l’usage.