Comment vendre un ordinateur ? Voici une bonne question à laquelle se sont penchés de nombreux experts en marketing. Mais avant cela, il faut passer par l’équipe comptable. Est-ce rentable ? Le marché était mûr au début des années 80. Alors, allez-y ? Et les publicitaires se sont précipités sur le nouveau marché.
Il restait un problème. Sur quel support communiquer ? Internet n’existait pas. La télévision et la radio étaient trop chères et trop peu ciblées. La presse restait donc la meilleure option. Des encarts publicitaires apparurent au début dans la presse spécialisée. Au début des années 80, les magazines d’informatique se multiplient.
Le site Abandonware magazine vous permettra de retrouver les revues de l’époque. Si vous avez du temps, vous pouvez visionner les premiers numéros de Micro ordinateurs ou de SVM. Entre 2 articles pour présenter telle ou telle technologie, ces revues regorgent de publicité. Les articles eux-mêmes sont souvent des publicités déguisées.
Sur les dizaines de pages des magazines des encarts publicitaires s’inséraient pour vanter les performances du dernier micro-ordinateur d’un constructeur. Une photo du produit, accompagnée d’un texte descriptif avec des mots clés mis en avant. Dans un coin, le nom du constructeur. Le début des logiciels de PAO (Publication Assistée par Ordinateur).
La distinction se faisait suivant la cible. Si le secteur professionnel était visé, un homme en costume et cravate se trouvait derrière l’ordinateur. Si le public était la famille moyenne, des enfants ou le prix bas étaient mis en avant. Les couleurs tranchantes avec le reste de la revue devaient attirer le regard des enfants.
Les publicités ne se limitaient pas à la vente de micro-ordinateurs. Les publicitaires communiquaient sur tous les aspects : logiciels, imprimantes, autres matériels, livres, … Tout ce qui tournait de prêt ou de loin faisait l’objet d’une promotion.
L’argumentaire était standard. Pour les professionnels, les logiciels et ordinateurs vendus vous feront gagner du temps, donc de l’argent. Le prix n’est qu’un chiffre par rapport aux gains. Tableurs, éditeurs, logiciels de PAO, … étaient montrés comme simples et performants. Le recyclage continue 40 ans plus tard avec le nouveau produit IA.
Pour les familles, Marry Poppins entrait dans le foyer. L’ordinateur devait éduquer les enfants avec des logiciels spécialisés. Ils apprendraient les bases de la programmation, les langues étrangères, la musique, les mathématiques, … grâce à la nounou numérique. Plus d’inquiétude de savoir où se trouvent les enfants.
Mais parler d’informatique à des spécialistes ne fait pas agrandir le marché. L’ordinateur s’est donc affiché dans les revues d’autres domaines ou plus généralistes pour expliquer les gains et les usages. Pour les magazines pour enfants, pas question de parler d’étude dans ce cas. Les jeux étaient surtout mis en avant.
L’encart publicitaire, c’était bien. Mais la cible restait limitée. Il fallait voir plus loin et marquer les esprits. Un constructeur a réussi : Apple. Pour cela, il allait créer un spot publicitaire qui ne serait diffusé qu’une seule fois : 1984.
Le produit n’est pas montré. L’argumentaire est foireux. Pour le reste tout y était : un grand réalisateur, un sujet fort, une référence à un roman iconique. Le buzz est tel que 40 ans plus tard, le clip continue à faire parler la foule. La stratégie Apple. On en reparlera plus tard.
De l’autre côté de l’Atlantique, un autre constructeur aussi va s’essayer à la publicité télévisuelle avec un certain succès : Amstrad. Le ton est décalé. Les arguments sont simples, voire simplistes. Sans grande référence, les marketeux ont touché juste. L’informatique y est présentée comme intégrée dans la culture populaire de l’époque.
Les gens critiqueront l’humour de l’époque. Mais ces gars avaient tout compris à la façon dont il faut aborder un sujet. L’élitisme ne fait pas vendre. L’humour et la légèreté, oui, même si les produits ne sont pas terribles.