La ligue majeure

Disons-le de suite. Ce n’est pas l’informatique familiale qui s’est imposée à la fin des années 80. Certes, cela a permis de faire entrer de nouveaux acteurs sur le marché. Mais, il manquait encore de maturité. Les ordinateurs étaient encore très limités. Non, l’explosion a été dans le monde professionnel. 

Avec un public mieux formé, les entreprises avaient les moyens de l’informatisation. Les gains de productivité étaient là. Le conflit entre Atari et Amagi n’était qu’une bagarre de cours de récréation. Le vrai combat se situait entre la société Apple et les nombreux fabricants de PC.

Si vous avez plus de vingt ans. Vous savez que c’est le PC qui s’est imposé sur la décennie suivante. Et les raisons en feront sûrement un excellent article. Mais avant cela, on peut se demander comment un constructeur qui a commencé dans un garage a pu s’établir à un tel niveau. 

Dans de précédents articles, on a vu les forces d’Apple. Un leader charismatique, une communication marquante, … tout cela c’est bien. Mais il manque l’essentiel. Le produit. Ce qui faisait vendre les ordinateurs de la pomme, malgré les hausses régulières de prix, c’était leur usage.

Cette règle essentielle qui paraît pourtant difficile pour de nombreux chefs de projets, Jobs l’avait bien comprise. L’informatique doit s’adresser à des gens normaux. Un ordinateur se doit d’être simple, comme tous les autres produits sortis par la firme par la suite. 

Un comptable veut retrouver ses tableaux de bords dès qu’il accède à son bureau virtuel. Un musicien veut que la partition qu’il compose soit jouée suivant les instructions données. Une secrétaire tape le rapport avant de l’envoyer à ses responsables. Aucun n’est compétent en informatique mais tous utilisent un ordinateur. 

Les Macintosh, sortis à partir de 1984, étaient des ordinateurs simples qui répondaient à des besoins simples. Propulsés par microprocesseurs (µp) RISC, les Motorola 68000 présents aussi dans l’Atari et l’Amiga, les Mac étaient adaptés pour la majorité des gens normaux. Désolé les barbus, mais la différence était dans l’offre logicielle, impeccable.  

Les PC, de leurs côtés, étaient propulsés par des µp CISC, les µp Intel. L’avantage était des programmes plus légers au détriment de performances réduites. Seuls les scientifiques avaient un véritable usage de ce type de processeurs. C’est une suite de mauvaises décisions qui a presque fait disparaître Apple.

Dans les années 80, la scission PCistes contre Fanboys d’Apple était très marquée. J’étais trop jeune pour l’avoir connu, mais il semble que certaines résidences d’universités scientifiques se distinguaient suivant cette rupture. C’était presque une guerre de religion qui se déroulait. 

Vu le prix du matériel, l’achat d’un ordinateur demandait de nombreux sacrifices. Alors autant assurer cela jusqu’au bout. Pourtant, c’était le même Basic que les étudiants manipulaient. Seul changeait l’interpréteur ou le compilateur chargé de traduire en instructions compréhensibles par le µp le code écrit.

Le PC gagna à la fin. Il faut dire que seul face à une légion qui tirait les prix vers le bas, Apple a gardé un cap sans voir les changements. Et le départ forcé de son gourou n’a pas aidé. Était-ce un mal, un bien ? C’est ainsi. Cela a créé une légende qui a fait le bonheur des cinéastes suite au décès de l’idole.  

Ce que je retiens, c’est que c’est bien la philosophie apparue au début de l’informatique familiale qui a fait le succès d’Apple dans les années 2000. L’informatique moderne a repris le meilleur de ces deux philosophies : ouverture et simplicité d’usage. Le tableau est loin d’être aussi rose. Mais …

Reviendriez-vous 40 ans en arrière ? 

Pour reparler de  nos deux antagonistes, je ne les ai pas opposés comme l’Amiga et l’Atari. Bien que le schisme était présent sur de nombreux aspects techniques (RISC vs CISC, Little endian vs big endian, …), dans le cadre professionnel, seul le résultat compte. Et les concurrents ont toujours trouvé un terrain d’entente.

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