On décommissionne le Mammouth …

Cet article paraît un peu tôt. Je devrais apporter pas mal de concepts avant d’aborder ces sujets. Mais j’ai envie de vous parler de ce mot à la mode chez mon actuel employeur, le décommissionnement.

Pour résumer les 180 épisodes que je n’ai pas encore écrit, dans une grosse entreprise, ce n’est pas une poignée de logiciels qui sont utilisés mais des dizaines qui doivent en plus être maintenus au niveau d’exigence d’utilisateurs dont les métiers chronophages ne permettent pas les surprises.

Dans le cas du décommissionnement, le logiciel concerné est d’un simili-ERP adapté au métier de mon employeur. Ce logiciel, contrairement aux autres logiciels, a un périmètre fonctionnel très large. Le métier est complexe, ce logiciel l’est tout autant.

La DSI, sous prétexte d’ouverture du logiciel, s’est donc engagé à décommissionner le mammouth. Le terme mammouth est à l’image de la complexité du problème. Tel le mammouth qui emporta Claude Allègre. J’aurais pu prendre un autre terme en ‘M’ qui montre le challenge : Massif, Mastodonte, Molosse, Monument, Monolithe, … mais le terme Mammouth me plaît. L’animal, bien qu’historique, risque de bien résister.

Alors comment décommissionner le Mammouth. Derrière ce terme se cache un processus en principe simple. Il s’agit de découper l’application actuelle en composants plus simples. Et tant qu’à faire, autant que ces composants soient disponibles sur des architectures modernes, ouvertes et sécurisées.

En principe simple seulement. Le logiciel n’est pas ‘gros’ par hasard. Il gère les besoins de métiers complexes pour des dizaines de milliers d’utilisateurs répartis dans toute la France. Dans ce cas, on pourrait découper ce logiciel en fonction des métiers des utilisateurs finaux. Pour cela il faudrait que les métiers isolés entre eux. Les passerelles sont nombreuses. Donc le découpage suivant la vision ‘employés’ n’est pas directement envisageable.

Un autre axe de découpage est un découpage en fonction des prestations réalisées pour les clients de l’entreprise. Les applications métiers se répartissent alors naturellement autour de ces composants. C’est sûrement la meilleure solution. Malheureusement ce n’est pas la solution décidée par la DSI.

Sous prétexte d’une évolution obligatoire, ils ont décidé de récupérer dans la Mammouth les éléments spécifiques à cette évolution. OK, là il faut trouver une image simple pour que vous compreniez le carnage vers lequel on va.

Vous êtes directeur d’un hôtel. Au fil du temps, l’hôtel s’est agrandi et complété d’un restaurant, de salles de conférences, … . Cependant, vous avez gardé l’habitude de tout faire vous même. D’une certaine manière, c’est vous l’application. À ce rythme vous risquez de ne pas vivre vieux. Comme les affaires marchent bien et que vous voulez un peu de temps libre, vous vous dites qu’il faut embaucher des assistants et déléguer plus les tâches..

Dans l’idéal, vous déléguez la gestion de la cuisine au chef en place. La gestion de votre comptabilité est sous-traitées à un expert-comptable indépendant. Vous embauchez aussi un assistant qui supervisera, lorsque vous n’êtes pas là, les équipes d’accueil et de ménage. Et ainsi de suite vous répartissez les missions.

C’est ce type de répartition qu’il faudrait faire. Mais dans le cas de mon employeur, la répartition ressemble plutôt à ceci. Les clients réclament l’accès à internet en wifi dans les chambres. Vous embauchez donc un technicien en réseau pour qu’il déploie le réseau d’antennes wifi et ensuite qu’il gère le système et réalise d’autres missions (développer le site internet, réaliser un blog, surveiller les réseaux sociaux). Bien sûr vous supervisez son travail et il doit donc souvent se référer à vous.

Et pour la répartition des autres missions, on verra plus tard suivant l’expérience acquise par cette première étape. Le périmètre de la nouvelle mission est flou. Il est en concurrence avec d’autres activités de l’hôtel. Ainsi, l’installation d’équipements réseaux nécessite un travail d’électricien et une expertise sur la sécurité des installations. La communication de l’hôtel est déjà assurée par le responsable de l’accueil à qui vous envoyez toujours de nombreuses demandes. Et d’autres conflits apparaîtront. Et pour l’instant, vous n’avez pas réellement délégué les autres activités.

Voila le décommissionnement tel qu’il est en train d’être réalisé sur le Mammouth de mon employeur. On se donnera bien sûr les moyens de réussir. Mais cela coûtera plus cher et sera bien plus complexe que les plannings présentés. Il faudra de nombreuses remises en questions pour obtenir un résultat correct. Et on verra des imbéciles accuser ceux qui essaient de corriger le tir de ne pas respecter la vision initiale qui était très éloignée de la réalité de terrain.

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