Un réseau à notre image ?

Comme tout autre aspect du domaine informatique, les réseaux longue distance (dont Internet aujourd’hui) évoluent constamment. Du minitel des années 80 à la fibre à 10 Gbps récemment arrivée en Suisse, l’évolution est impressionnante. Les réseaux les plus efficaces commercialisés pour le grand public sont à peu près 30 millions de fois plus rapides qu’il y a 40 ans.

Pourtant, l’usage des réseaux informatiques n’a pas changé. Les services qui existaient sur le Minitel se sont retrouvés sous des formes plus modernes, plus tard. On pouvait déjà faire ses vœux pour les études supérieures, jouer en ligne (poker, …), accéder aux nouvelles, …, même télécharger des jeux vidéos. Steam avant l’heure. Seul le coût de communication était prohibitif.

Les services se créent, disparaissent, réapparaissent sous d’autres formes. Mais une chose ne change pas, c’est la vision que les gens ont d’Internet. Si vous demandez à quelqu’un de vous définir Internet, il vous décrira ce qu’il fait lorsqu’il se connecte. L’exemple le plus marquant est ceux pour qui Internet se résume à un service. Facebook par exemple.

Cet aspect centré sur le service fait que l’on ne voit plus le réseau mais simplement le service. On ne se demande pas ‘comment’ cela fonctionne sauf lorsqu’on n’obtient pas de réponse. À ce moment là, le responsable sera, par ordre de priorité dans les accusations :

  • l’ordinateur ou le smartphone sur lequel tourne l’application,
  • Internet (le fournisseur d’accès),
  • les développeurs du service.

En 40 ans les usages ont quand même bien évolué. Faisons un petit retour vers le passé.

En France, nous avons connu le Minitel. Le premier culminait à 300 bits/s. Pour simplifier, pour récupérer 40 caractères, il fallait 1 seconde. On avez le temps de voir le curseur se déplacer et afficher la page avant de pouvoir valider son choix et continuer. Si vous avez connu le clavier d’un Minitel, vous savez qu’il est impossible de taper plus de quelques caractères par seconde.

Et malgré ses contraintes, les services développés étaient très nombreux. Du 3611 au 3618 en passant par ce cher, très cher 3615, les sociétés privés multiplient les services sur ce réseau centralisé pour Monsieur tout le monde et pour les entreprises.

D’ailleurs, c’est un aspect que l’on oublie, mais Internet n’a pas qu’un usage personnel. Il a aussi un usage professionnel. Ce sont des fonds privés qui ont permis au réseau d’exister même si le besoin d’interconnecter des réseaux informatiques provient plus des domaines militaires et scientifiques.

En 1995, Internet est arrivé en France. Les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) se multiplient et proposent des offres d’accès pour le grand public. Si l’implantation du Minitel et le coût encore élevé des ordinateurs ralentit la diffusion d’Internet, le saut qualitatif est remarquable :

  • un meilleur débit (au moins 10 fois meilleurs que les dernières normes du Minitel),
  • des ressources variées (images, sons, vidéos) autres que le texte et issues du monde entier,
  • des protocoles ouverts qui apportent de nouveaux services technologiques (smtp, ftp, http, …),
  • des services créés par des utilisateurs, non professionnels.

Ce dernier point change toute la donne. À partir de ce moment, on voit apparaître des sites ‘persos’ où les gens se décrivent et font partager leurs passions. Les enseignants, notamment dans le supérieur, diffusent leurs cours. Les newsgroups, précurseurs des forums de discussions, permettent le partage de la connaissance. Internet n’est pas encore popularisé et l’utopie se construit lentement.

Puis le grand public s’est intéressé au phénomène. Le nombre croissant d’utilisateur a donné envie aux entreprises d’exploiter ce territoire. Internet est devenu un filon. Sous prétexte d’offrir de meilleurs services, le partage des connaissances est passé en arrière plan.

Mais çà c’est une autre histoire !

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