La rencontre

Tout le monde n’est pas fait pour être patron. Mais c’est une question à laquelle on pense. Travailler pour une société permet de se faire de l’expérience. Cependant, il faut changer régulièrement d’employeur pour faire avancer sa carrière. José a l’exemple de son père et a décidé, après une décennie dans les grands groupes pour des grands projets, de se mettre à son compte pour une clientèle individuelle. Marié et père de deux enfants, il voit ainsi dans ce statut une stabilité. Ne plus dépendre des décisions d’autres personnes. Son sérieux lui a permis de fidéliser et d’agrandir rapidement sa clientèle.

Pour Olivier, la question est différente. Le domaine informatique est plus complexe à cibler dans l’esprit des gens. Il existe bien le statut de freelance, mais cela nécessite de créer des contacts. Olivier n’a pas su assez tôt se mettre en avant. Et face aux professionnels de la communication que sont les commerciaux des ESN, il a préféré rester à sa place. S’il reste passionné de son domaine, il n’arrive plus à s’y projeter et cela nuit aussi à sa vie personnelle.

Fin Mars 2022, à l’occasion de la foire de Lyon, José propose à Olivier de faire le tour de l’exposition. Il ne rate jamais ce moment qui lui permet de repérer les tendances de la construction individuelle. Olivier voit dans cette foire un moyen de mettre de la distance dans son quotidien d’Ingénieur en Systèmes d’Informations. Au moins, les stands et les technologies présentées sont concrets. Tout juste regrette-t-il que la vague de la domotique, si souvent annoncée, n’ait jamais réellement prise malgré l’arrivée des assistants domotiques 4 ans plus tôt.

José s’arrête presque à tous les stands et compare les différents systèmes de pompes à chaleurs, de VMC, d’isolation, … Tout pour économiser l’énergie. Les dernières normes imposent encore des efforts dans ce domaine et les fabricants se tiennent prêt à y répondre.

Olivier semble désolé de remarquer qu’il n’existe toujours pas de réel standard de communication entre les équipements présentés. À moins de bidouiller un Raspberry, il est toujours aussi difficile de synchroniser les différents systèmes (eau, électricité, aération, chauffage, …) d’une maison. Il se met simplement à plaisanter sur le fait qu’un jacuzzi ferait classe au milieu de son appartement.

Au détour d’un stand, ils remarquent une conférence sur les maisons individuelles passives et décident d’y assister. La conférence est animée par trois architectes qui réalisent ce type de construction depuis une dizaine d’années. À la fin de leurs études, ils ont préféré tenter l’expérience que de s’engager dans de grands groupes. Un premier client leur a fait confiance malgré un surcoût évident et le résultat a été au rendez-vous.

Les architectes détaillent les mécanismes de leurs maisons passives : les matériaux utilisés, la forme (oeuf ou boîte à chaussures), l’absence de couloirs, des mécanismes d’aération efficaces, l’utilisation de la végétation pour réduire la chaleur en été, des éoliennes et panneaux solaires, … . Bien que performant, ce type de construction n’est pas encore beaucoup sollicité par le public.

Olivier leur demande comment les stores sont contrôlés. Faire entrer lumière et chaleur et hiver et protéger l’habitation en été. Les solutions existent mais nécessitent que tous les équipements proviennent du même fabricant. Un spécialiste des stores n’a pas forcément les meilleurs équipements pour réguler la température d’une habitation. Et puis, les interfaces de contrôles ne sont pas homogènes entre les différents équipements. Ils en concluent en souriant qu’un marché est à prendre dans ce domaine. La domotique ne s’est jamais vraiment démocratisée.

Pour la première fois depuis longtemps, Olivier perçoit une alternative à son avenir de développeur. Il discute avec José sur les possibilités de la domotique. Synchroniser des stores pour garder une température chez soi c’est bien, mais on peut envisager tant d’autres scénarii en synchronisant tous les équipements d’une habitation. Les capteurs de pollution permettent de savoir quand aérer, les serrures connectées permettent d’ouvrir aux personnes autorisées, des servomoteurs peuvent contrôler les robinets et permettre d’arroser les plantes, … Olivier déclinent scenarii et équipements avant d’être interrompu par une jeune femme.

Léa vient de terminer ses études d’architecture, intriguée par le discours des deux hommes. Elle interroge Olivier sur des aspects informatiques et notamment de sécurité. Comment s’assurer que c’est bien le propriétaire qui autorise toute ces actions ? Que la maison ne va pas devenir un danger pour ses occupants ? Olivier commence à partir dans ses explications mais comme le précédent public a quitté la salle et qu’une conférence sur la permaculture doit bientôt commencer, José propose de poursuivre la conversation à une table du côté des stands de gastronomie.

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