Singularité d’Internet

La première fois que j’ai entendu parler d’Aaron Swartz, c’était lors de la création du format RSS. J’avais 19 ans. Je rédigeais un projet de fin d’études sur le langage XML. Je commençais à entrevoir l’usage de ce langage récent pour les bases de données et les sites web et j’appris qu’un jeune de 14 ans participait au développement d’une syntaxe, basée sur le XML. Je me doutais qu’il n’était pas seul sur un tel projet mais à l’époque j’étais presque jaloux de sa chance. Il travaillait avec des informaticiens de renom et son nom était cité au même titre qu’eux. Je relativisais en me disant que ce n’étais qu’une utilisation de la technologie XML. Ce n’est que plus tard que je compris que ce gamin avait une vision adulte et mature d’Internet.

Qu’est ce que le format RSS ? RSS, pour Really Simple Syndication, est une façon de décrire en XML une actualité, un nouvel article. Ce format permet la syndication d’actualités. Concrètement, pour un journal en ligne comme ‘Le Monde’, vous pouvez accéder aux articles en accédant directement au site Web (et vous charger pub et autres images inutiles) ou en lisant le flux RSS qui est bien plus rapide et léger à accéder. Ce format est donc utilisé par les blogs, les podcasts, les forums et autres documents créés sous un format d’articles. José a son fil d’actualité au format RSS : http://joselinformatique.wordpress.com/feed.

En fait, cette disgression technique importe peu. La vrai question est qui est Aaron Swartz. Il est né en 1986 et s’intéresse rapidement aux domaines de l’informatique et des réseaux. Il est surdoué et passionné. L’école ne semble pas l’intéresser. Et c’est bien son talent et ses réalisations qui l’amène à être remarqué par des chercheurs. Je vous laisse consulter sa biographie sur Wikipedia. Le petit fait preuve d’une maturité impressionnante dans ce domaine. A cette époque, il rencontre Lawrence Lessig qui lui transmet sa vision de l’informatique et du partage de la connaissance.

Internet peut être vu de deux manières. Si tout le monde peut communiquer avec tout le monde alors il y a deux évolutions possibles.

  • Soit on privilégie le partage de connaissance, de passions. Les gens découvrent des domaines qui les intéressent et en retour apportent leurs propres expériences. Cela fait évoluer positivement notre société. Le but de ce partage peut être lucratif lorsque le travail et l’apport de chacun est réel.
  • Soit on utilise Internet comme l’ont été les média à la mode lors des époques précédentes. Un vecteur de propagande pour les états totalitaires. Un moyen de gagner de l’argent en créant chez les gens de la jalousie de ne pas appartenir à des mondes qu’ils croient réels.

La réalité est loin d’être binaire puisque ces deux mondes coexistent. L’apporte du réseau pour notre société est incontestable en bien et en mal. Internet a offert de nombreux business aux entreprises privées. Cependant, pour Aaron, certaines sont allées trop loin en privatisant la connaissance issue de la recherche publique. Je vous laisse en lien deux excellentes vidéos qui expliquent l’appropriation des articles scientifiques par une poignée de société privées :

https://youtu.be/rcgxY__YXEchttps://youtu.be/WnxqoP-c0ZE

Aaron décide de reprendre en main cela. Son plan est simple, il copie les articles scientifiques de la base JSTOR pour les diffuser d’une autre manière sur Internet. En soit l’action est louable. Plus une information est partagée et accessible et moins elle risque d’être perdue ou isolée dans la masse. Il envisageait peut être un mécanisme de Blockchains pour cela. Il copie donc et diffuse l’ensemble des articles scientifiques en respect du droit d’auteur mais contre l’avis du cartel des diffuseurs.

Ces derniers réagissent et portent plainte contre lui dans ce qu’on appellera l’affaire JSTOR. Je ne vais pas décrire l’histoire, vous pouvez la retrouver facilement dans l’article Wikipedia ou sur Internet. En 2011, Aaron se retrouve isolé par l’Administration Obama. Ce n’est pas la première fois qu’il est inquiété par les autorités. Il avait déjà réalisé une opération similaire de partage de documents publics. De plus, il travaillait avec ses collègues sur le réseau Tor et sur des outils pour la protection des lanceurs d’alerte. [Sarcasme – ON] Autant d’outils qui menaçaient la démocratie et la liberté américaine [Sarcasme – OFF].

Il est donc isolé par la Justice. Bien que le MIT et JSTOR abandonne les poursuites contre Aaron, la Justice semble poursuivre son chemin. Aaron doit servir d’exemple pour les jeunes gens épris de ce besoin de diffuser l’intelligence et la connaissance. Isolé, menacé et ne comprenant pas pourquoi un tel harcèlement de la part de son propre pays alors qu’il n’a jamais enfreint de lois, Aaron décide de mettre fin à ses jours le 11 janvier 2013. Nous avons perdu ce jour là quelqu’un dont l’apport changeait en bien notre société.

Il est a noté au cours de cette triste période, la présence de trois femmes. Deux d’entre elles méritent d’être connues et reconnues. La troisième n’est que le sombre visage de notre société moderne.

La première, Taren Stinebrickner-Kauffman, était la compagne d’Aaron. Elle est la fondatrice et dirigeante de SumOfUs, un site Internet qui défend nos intérêts contre les intérêts des sociétés privés et contre l’exploitation des ressources de la Terre lorsque cela entraîne la destruction des habitats.

La seconde, Alexandra Elbakyan, est une zélote du partage de la connaissance. Elle est la fondatrice du site Sci-Hub qui se veut un média pour le partage des articles scientifiques. Son origine russe la protège de la démocratie selon Saint Elsevier.

La troisième, Carmen Ortiz, est l’inquisitrice qui a poursuivi Aaron au cours de l’affaire JSTOR. Officiellement, elle n’a fait que son travail mais son acharnement est étonnant. Où était son intérêt ? Issue de la minorité portoricaine, elle a voulu être plus royaliste que le roi dollar. Pour quel triste résultat !!!

La disparition d’Aaron Swartz est une perte importante. Un jeune homme avec une vision de bon père de famille de ce que doit être l’usage de cet outil qui permet de communiquer, partager son savoir, de nous comprendre, cela est bien singulier dans notre monde.   

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