La fin du monde numérique

Ce matin, alors que je me rendais à mon travail, à mi-chemin, je croisa un original. Habillé de blanc et tapant dans un tambourin, il hurlait à qui voulait l’entendre que le monde numérique allait disparaître et seuls les élus seraient épargnés par le Grand Bug. Encore un original qui prône la fin du monde. Au moins cela ne concerne que nos équipements électroniques.

Des fins du monde numériques, on peut en imaginer des dizaines.

  • Par exemple, une éruption solaire trop violente fait griller l’ensemble des équipements électroniques. Je vois l’aspect positif de ce scénario, on verra des aurores boréales mêmes sous nos latitudes au moment de cette fin du monde.
  • Autre exemple, une intelligence artificielle, HAL 9000 (2001 Odyssée de l’espace) ou Skynet (Terminator) décide de retourner les machines contre leurs créateurs. Vous ne verrez plus jamais votre grille-pain connecté comme avant.

Mais non, la théorie de l’illuminé se basait sur une prophétie selon laquelle une erreur de programmation présente dans tous les équipements informatiques les rendraient inutilisables. Les avions ne pourraient plus voler, les bateaux ne navigueraient plus et monter dans une voiture relèverait de l’hérésie, de la folie. Un bug, le Bug, le Grand Bug. Voilà ce qui nous attendait.

J’avais lu un article à ce sujet. Il semblerait que les GPS codent le numéro de la semaine sur 10 bits depuis le lancement des premiers satellites GPS. Le risque est un affichage incorrect de la date d’arrivée à destination. 10^2, soit 1024 semaines, il faut donc remettre à jour les terminaux GPS tous les 19 ans si le concepteur du logiciel a été fainéant.

L’homme semblaient perturbé par les annonces alarmistes des vendeurs de logiciels et d’équipements GPS. Pour plaisanter, je lui demandais si je pouvais prendre un Vélov dans un station. Je lus la terreur dans son regard. “Les stations sont géolocalisées, elles sont elles aussi corrompues par le Grand Bug !” me répondit-il. Je m’éloignais de lui sans plus écouter ses explications.

Des prophéties de fin du monde liées à l’usage des outils numériques, il y en a presque autant que des prophéties sur la fin du monde classique. On vous promet une régression de l’espèce humaine à l’âge de pierre dans le meilleur des cas. En effet, l’informatique est désormais présent partout autour de nous.

Plus d’ordinateurs, ce sont les centrales nucléaires qui explosent, les avions qui s’écrasent, le système bancaire qui s’effondre, les systèmes de climatisation des centres de recherche en biochimie qui s’inversent… Non je plaisante. Les concepteurs de ces équipements ont prévus les pannes informatiques et les procédures de sauvegarde.

Le bug, ou l’erreur de conception d’un système automatisé, est la cause la plus classique dans les théories de catastrophes informatiques. Le bug est le bouc émissaire universel. Et des prophéties dramatiques liées aux Bugs, le domaine informatique en collectionne, presque autant que les théories de fin du monde.

En l’an 2000, le codage sur 2 numériques (de 00 à 99) de l’année devait déjà avoir des catastrophes dramatiques. Les ESN en ont surtout profité pour vendre des profils de développeurs. Comme quoi, la fin du monde profite toujours à quelqu’un. Au final, nos courageux développeurs et analystes ont détecté et corrigé chaque programme lorsque c’était nécessaire.

Rien en 2012 malgré la fin du calendrier Maya. Par contre en 2019, quelques illuminés ont bien été effrayés par cette histoire. Je prédis la prochaine fin du monde numérique le 19 janvier 2038. En effet à cette date, tous les systèmes informatiques (qui utilisent la représentation POSIX du temps), s’ils n’ont pas évolués d’ici là, reviendront à la date du 13 décembre 1901. Les dates sont stockées en seconde sur un registre de 32 bits signé. Ceci explique cela 😉 Rassurez-vous braves gens, nos courageux ingénieurs informaticiens sont déjà en train d’affronter la bête immonde.

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