Pascal arrive tôt dans l’entreprise. Chaque matin, il badge à 8h avant de démarrer son ordinateur. Sa routine matinale commence. Après avoir vérifié la présence d’incidents réseaux et systèmes, Pascal rédige un rapport à destination de ces collègues du national. Il remplit quelques fichiers Excel pour le suivi, puis descend au café de 9h à 9h45. Après sa pause clope, il retourne à son poste à 10h. Il est réglé comme une horloge suisse.
Pascal est de la vieille école, et les ‘gamins’ du national ont bien changé son métier. Avant, Il devait vérifier que les sauvegardes sur bandes magnétiques des serveurs étaient réalisées, que les équipements réseaux répondaient correctement, que l’accès vers le réseau national répondait, … Maintenant, tout cela est réalisé automatiquement et les journées de Pascal sont souvent calmes. Et pourquoi pas le Wake-On-Lan tant qu’on y est ?
Pascal travaille dans un centre Pôle Emploi, le plus grand centre de la région, comme il aime à le rappeler. Bien que ses activités aient été revues à la baisse, il a gardé avec lui son équipe. De nouvelles missions lui ont été affectées. Désormais, il supervise l’équipement informatique des agences de la région.
Il en est presque à espérer un bourrage papier des différentes photocopieuses, ne serait-ce que pour montrer son autorité et envoyer un de ses collègues sur le terrain. Il va de soit que si ladite photocopieuse se situe à l’étage administratif, Pascal se présentera 10 minutes plus tard pour superviser le travail de son collaborateur.
11h30, le téléphone de Pascal sonne. Ces collègues le regarde répondre. Il semble stressé, presque nerveux, comme s’il s’agissait d’un coup de fil présidentiel. 1 minutes plus tard, Pascal raccroche et sort avec précipitation de son bureau en emportant sa veste. Personne n’est dupe. Le chef est parti manger avec d’autres responsables de la boîte. Ils savent qu’il ne reviendra que vers 14h. La comédie fait parti de ses talents. Tout est important dans ses actions même les plus banales.
Le chef revient à l’heure prévue et visiblement le repas n’a pas été arrosé que d’eau pétillante. Heureusement pour eux, aucune réunion n’est planifiée c’est après-midi. Ils constatent donc leur chef placé derrière son bureau en train de contrôler les chiffres et les mails arrivés entre temps. Pascal a la place du chef. Déçu de ne pas avoir un vrai bureau de responsable, il doit partager le sien avec ses collègues. Il s’est donc placé dos au mur pour que personne ne voit ses écrans. De sa place, il peut observer chacun de ses collaborateurs. De leurs places, ils ne savent pas s’il travaille ou si il dort.
Les collègues de Pascal enchaînent les activités. Contrôle d’équipements réseaux, administrations des serveurs, application des politiques de sécurité, livraison et installation des nouveaux équipements pour les agents, … Soudain, Pascal sort de son torpeur. Il est 15h30 au moment où sa voix fait trembler les cloisons mobiles. Un mail du national vient de tomber et annonce la migration des postes clients sous Windows 10. Et on ne l’a pas consulté ?
Il contacte alors tous les responsables qu’il connaît pour faire part de sa stupeur. Lui qui gère depuis tant d’années le réseau des Centres, pourquoi n’a-t-il pas été consulté pour un tel chantier ? L’émotion est telle qu’il enchaîne mails et contacts téléphoniques et ne voit pas le temps passer. La journée se termine et ses collègues quittent peu à peu le bureau. Pascal ne s’en rend pas compte. Et finalement vers 18h30, calmé par ses responsables, il finit sa journée. Au passage, Pascal envoie un mail à la DRH pour réclamer 1h supplémentaire. Il part plus tôt d’habitude.
Pascal regrette parfois le bon vieux temps. Il se rappelle son intervention dans le bureau de Chantal, une conseillère mignonne du Centre. L’ordinateur de celle-ci avait ‘bogué’. Sans hésiter une seconde, il s’était senti obligé de porter secours à sa collègue. Ne trouvant pas la solution, il avait appelé en renfort les membres de son équipe. Il avait su rabattre le caquet du rendez-vous de Chantal qui ramenait sa science. C’est lui le professionnel après tout.
Ne voyez dans mes écrits que clichés, plaisanteries. Je démentirai si quelqu’un se reconnaît dans ce scénario caricatural. Cet article m’est encore une fois inspiré de la scène du bogue du film ‘Les têtes de l’emploi’. On peut difficilement faire plus cliché et pourtant dans tout métier on rencontre parfois des parasites. La psychologie permet d’expliquer comment ces derniers arrivent à durer. Sous leur apparence amicales, ils se révèlent toxiques pour leurs collègues.