Un type entre dans le bureau et hurle qu’il est le roi des dragons. Je lui signale qu’il est dans un bureau et aussi sur son lieu de travail. Devant mon pragmatisme, il me fait remarquer qu’il est un héros de guerre et qu’il mérite un minimum de respect. Lui et ses partenaires ont remporté des victoires importantes à ‘Clash of Clans’ face à des armées asiatiques. Cela vous semble être une histoire de fous et pourtant elle est vraie.
Nous connaissons tous des personnalités excentriques. C’est amusant tant que cela reste ponctuel. Cela change de l’ambiance sérieuse du cadre professionnel. Le problème du dingue est que son comportement n’est ni léger ni ponctuel. Il arrive, il fait son show et il repart, parfois plusieurs fois par jour. Il se moque complètement de savoir que vous êtes au téléphone en train d’animer une réunion.
Je devrais me sentir privilégié. Des histoires de dingues, j’en ai entendu de bien plus effrayantes. Le dingue ne choisit pas son auditoire au hasard. Il ne fera pas son spectacle devant quelqu’un de sanguin de peur de se prendre des coups. Il n’est pas fou non plus. Quoique. Ce qui me surprend toujours c’est de comprendre comment il peut encore être employé.
Le vrai problème du dingue c’est qu’à haute dose, cela va vous mettre en difficulté. Il est difficile de reprendre une activité complexe après que quelqu’un vous ait interrompu pour vous raconter ses derniers délires. Alors répété plusieurs fois par jour, je vous laisse essayer d’avancer sur vos chantiers. La dose fait le poison, la répétition aussi. Le dingue va avoir raison de vous petit à petit. Il ne reste qu’une solution, le signaler rapidement à votre hiérarchie.
Pour se justifier auprès de sa hiérarchie, le dingue minimise systématiquement ces actions. Il voulait détendre l’atmosphère. Il serait presque la victime des autres. Lui ne pensait pas à mal en agissant ainsi. Ces supérieurs y verront un employé mal dans sa peau qui a besoin de s’exprimer et iront parfois jusqu’à vous reprocher votre manque de compréhension. Le dingue est un petit garçon turbulent dont les parents le laisse faire du bruit tant que ce n’est pas chez eux.
Là, je vous parlais du ‘doux dingue’. Mais comme je l’évoquais plus haut, il existe une autre forme, plus prédatrice. Si le dingue ne pense pas à mal et se retrouve souvent sujet de moqueries, sa variante prédatrice présente une toxicité très élevée. En fusionnant un dingue et un jaloux on obtient un être incontrôlable et dépourvu de toute morale. Appelons-le ‘psychopathe’ même si ce terme me semble trop générique.
Le psychopathe croit à son délire. Il est persuadé que la femme du bureau d’à côté est amoureuse de lui. Toute personne qui rentre dans le bureau de sa chère et tendre est un animal qui ne la mérite pas. Il va alors s’ingénier à leur pourrir la vie. Si sa victime se refuse à lui, il peut devenir menaçant et enchaîner les mesquinerie, débarquer à l’improviste dans son bureau pour lui demander n’importe quoi, …
Le psychopathe est persuadé être un élément important de la société. Si d’autres personnes que lui obtiennent une promotion ou une situation plus intéressante, c’est qu’elles ont triché. Pour peu qu’il soit misogyne, il les accusera d’avoir couché pour réussir et répétera dans leur dos que ce sont des connasses incompétentes. Psychopathie et misandrie existent aussi au féminin.
Si la hiérarchie se mêle de la situation, le psychopathe, comme son homologue le dingue, jouera la carte de l’ingénuité. Il ne savait pas que son comportement dérangeait. Et puis ce n’est pas vrai ce que raconte ses victimes. Il s’agit probablement de jalousies de leur part puisqu’il est (choisir la minorité religieuse, sexuelle ou ethnique imaginaire qui vous convient). C’est lui la vrai victime. Et c’est vous qui partirez.