Les toxiques : le lâche

“Faible avec les forts et fort avec les faibles”. Telle est la devise du lâche. Si la toxicité de certains croît avec les responsabilités, dans le cas du lâche, la croissance est exponentielle. Ce qui le caractérise avant tout c’est son absence totale d’honnêteté. Il a progressé marche après marche dans la hiérarchie, toujours dans l’ombre de son supérieur. Il ne va pas tendre sa main vers le bas alors qu’il doit encore s’accrocher à son supérieur.

Le lâche vit dans l’ombre de ses supérieurs. Il se nourrit de leurs réussites et ne tarit pas d’éloge avec ceux qui pourrait l’aider à progresser. Lorsqu’il sent qu’il peut prendre la place de son supérieur, son comportement change complètement. Toujours grand sourire face à son mentor, dans son dos, il enchaîne les phrases mesquines. C’est grâce à lui que l’équipe en est arrivée là et non grâce à son chef.

Le lâche va employer alors tout le dénigrement et toute la rancœur qu’il connaît contre son ancienne idole. Il le traite d’alcoolique, juge son hygiène corporelle, le considère comme colérique et stupide. Dans son dos, il va même jusqu’à l’accuser des pires faits. Le service fonctionnerait mieux si le vizir partait à la retraite. Mais devant le chef présent, le lâche continue les éloges et feints que les rumeurs proviennent sûrement d’autres jaloux. 

Il arrive parfois que le lâche obtienne ce qu’il demande et réussisse à prendre la position d’un premier de cordée. Avec lui, il paraît évident que l’équipe arrivera au sommet. Comme il s’aime à le rappeler, nous sommes une équipe et nous devons avancer dans la même direction. Il adore les métaphores sportives. Cela lui évite de réfléchir à la situation réelle de l’équipe et lui permet de répartir les responsabilités en cas de difficultés.  

Voici quelques éléments qui vous permettront de déterminer la lâcheté de votre supérieur. Lorsqu’il vous confie une tâche, votre supérieur doit vous donner tous les éléments nécessaires à l’accomplissement de celle-ci. Le lâche n’enverra jamais d’instruction écrite. Il se contentera de vous donner à l’oral le nom d’une personne qui pourra vous renseigner. Avec cela, vous êtes prêt à réaliser votre tâche et inutile de lui en demander plus, il a déjà tout dit.  

Si  vous demandez plus d’explications, c’est peut être que vous n’êtes pas compétent. Ne le dérangez pas, il a beaucoup mieux à faire. Il y a une vente privée Ollygan qu’il ne peut manquer. Mais demandez à untel, il doit savoir. Le lâche, comme le génie du mal, ne s’intéresse pas au détail d’un projet, même si ce détail est un élément essentiel. Le lâche se désintéresse des projets si cela ne lui apporte pas la gloire.

Le lâche partage les responsabilités. En cas de problème, ce n’est pas lui mais vous. Vous qui n’avez pas compris ses instructions, vous qui avez mal accompagné ce nouveau collaborateur, vous qui êtes en retard dans la tâche qu’il vous a envoyé hier pour une réalisation à la semaine précédente alors qu’il l’avait depuis un mois dans sa boîte aux lettres.

Par contre, si tout se passe bien dans vos projets c’est grâce à lui. Évidemment. N’attendez rien en retour pour vous. Tout au plus, il consentira à vous offrir une augmentation. Mais n’attendez pas à ce qu’il vous fasse progresser dans la hiérarchie. Vous risqueriez de lui faire de l’ombre. C’est paradoxal pour quelqu’un qui a toujours progressé dans l’ombre de ses supérieurs d’avoir peur de celle de ses subordonnés. 

Une chose effraie le lâche : la vérité (la lumière). À force de toujours vivre dans l’ombre de ses supérieurs, il pense que les gens ne se rendent pas compte de ses lâchetés. Alors même, lorsqu’il progressera, il cherchera quelqu’un pour se mettre derrière lui. Il ne sera pas directeur de pôle mais son assistant. Il sait bien qu’il a atteint depuis longtemps son point d’incompétence (voir principe de Peters).  

Le lâche est donc par essence toxique pour ses collègues et ses supérieurs. Même si vous l’avez démasqué, n’essayez pas de le dénoncer. Cela fait des années qu’il dissimule la réalité. Vous n’avez aucune preuve, aucun écrit. Depuis le temps qu’il travestit la réalité, aucune entreprise ne perdra autant de temps pour cela tant que le service continuera de tourner. 

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