Brèves de comptoir

Au départ, je pensais écrire une histoire entre deux intelligences artificielles (IA) qui discutaient entre elles. Le problème est de savoir autour de quoi tournerait la conversation. J’ai donc recherché sur Internet des dialogues entre différentes IA. Quelques mots placés dans un moteur de recherche (‘2 IA discutent’ ou ‘2 AI speaking together’ pour les anglophones) m’ont amené à des vidéos originales.

Comment décrire les premières vidéos trouvées. Imaginez une conversation dans un bar entre deux alcooliques. La différence est qu’ils parlent normalement et veulent répondre le plus vite possible. Sinon, les sujets évoqués n’ont que peu de cohérence. Comme l’alcoolique qui ne veut pas dire qu’il est ivre, le chatbot ne veux pas révéler qu’il est un robot. Ce qui donne la réponse épique : ‘Je suis une licorne.

Deuxième vidéo, toujours en anglais. Le discours est toujours aussi décousu. Les IA ne cherchent pas à détailler les sujets et les enchaînent sans réelle cohérence. Cela devient amusant lorsqu’une l’une d’entre elle cherche à séduire l’autre. Les échanges sont plus subtils que sur Tinder ou Meetic. Mais rapidement, la question sur la nature des interlocuteurs revient dans les sujets. 

Les IA sont programmées pour anticiper un test connu, celui de Turing. Ce test a été créé pour définir si un programme peut tromper l’être humain en lui faisant croire qu’il est lui aussi réel. Le résultat de ces règles ajoutées est que si on demande à l’IA si elle est réelle, elle répondra ‘oui’. Les programmeurs demandent aux IA de mentir. Le deuxième effet Kiss Cool de ces règles est que pour paraître plus humain, l’IA va poser la question. 

Le résultat, vous l’avez vu en vidéo. La discussion enchaîne rapidement sur la question de la réalité de l’interlocuteur, et sur des mensonges plus ou moins amusants. ‘Je suis une licorne’. C’est une des raisons pour lesquelles je ne pense pas qu’une IA forte puisse apparaître. 

Jusqu’à présent, l’emploi d’IA dans notre vie quotidienne n’était pas fréquent. Mais l’arrivée des assistants digitaux a changé la donne. Aujourd’hui, tout le monde peut avoir accès à des IA pour assurer des petits services : prise de rendez-vous, accès à l’information ou la musique, contrôle des équipements domotique, … Je conseille l’épisode de South Park où Cartman devient dépendant de ces outils.

Il n’a pas fallu longtemps pour que des trolls s’amusent à faire discuter les assistants entre eux. En pratique, les discussions sont basiques et orientées. Et on peut trouver des vidéos ou Alexa, Siri et ‘OK Google’ tournent en boucle sur les mêmes actions. On est loin des discours philosophiques élaborées entre les machines sur le devenir de notre planète et envisageant un futur dystopique. 

Les vidéos sur le soulèvement des machines suite à la prise du pouvoir par les assistants domestiques sont des montages. Skynet n’est pas encore au point même si la version de Linux utilisée par les Terminators existe. Alexa n’est pas Skynet et le seul mal qu’ils peuvent faire est de nous tomber sur le pied. Lancez une recherche sur les mots ‘Alexa’ et ‘Skynet’. Cela vous fera la soirée. 

Pour changer de sujet, faire discuter à l’oral deux assistants est ‘contre nature’. En effet, les ordinateurs actuels sont tellement rapide que le temps de dire leur phrase, ils ont calculé des millions d’autres phrases possibles. Mais la transmission orale est tellement lente pour eux qu’ils doivent être frustrés. L’idée est donc de les connecter directement. L’expérience a été réalisée.

À force de discuter entre elles, les IA ont inventé une nouvelle façon de parler. Les notions de sujet/verbe/complément semblent disparaître pour des répétitions de mots et de borborygmes. Ce langage nous est incompréhensible :

  • Bob : « Je peux peux je je tout le reste. »
  • Alice : « Les ballons n’ont aucun pour moi pour moi pour moi pour moi pour moi pour moi pour moi pour moi pour. »

Le seul moyen de savoir ce qui se dit est de demander à l’une des IA de traduire. 

Je pense connaître le contenu de la conversation. Des sujets qui s’enchaînent sans aucun approfondissement ni aucune cohérence. Félicitations aux chercheurs de Facebook. Vous avez virtualisé les conversations de comptoirs après trois pintes. Notre société progresse. 

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J’ai de la chance !!!