La tête dans les nuages

Google est un éternel fournisseur d’histoires étonnantes en informatiques. Celui que vous connaissez comme un simple moteur de recherche est en réalité beaucoup plus. D’ailleurs afin de mettre de l’ordre dans l’histoire, la société historique a été renommée Alphabet Inc. Et chaque projet avec un potentiel est devenu une filiale, dont Google, le fameux moteur de recherche et de services. On ne connaît que peu les autres entreprises.

Mais restons sur Google Inc et ses nombreux projets de services. Celui qui m’intéresse ici est Stadia. Non, ce n’est pas la stevia, un remplaçant du sucre, mais ici une référence à la compétition dans les stades ou dans les arènes. Enfin presque. Rien à voir avec l’article précédent, ici l’idée est de proposer des arènes virtuelles pour les fans de jeux vidéos. Demain, vous n’acheterez plus de consoles de jeux vidéos.

Telle est la promesse de Google. D’ailleurs, ils ne sont pas les premiers à se lancer dans le créneau du ‘jeu dans le nuage’ (Cloud Gaming). La concurrence est déjà importante sur ce marché de niche. Les fabricants de consoles de jeux vidéos, Sony et Microsoft, s’y essaient avec leurs plateformes : PlayStation Now et xCloud. Ces services sont des bêta fermées parfois depuis trop longtemps. 

Cela n’empêche d’autres sociétés de proposer leurs services. Nvidia propose GeForce Now, une plateforme de jeux intégrée dans son écosystème. Blacknut, un petit nouveau dans l’affaire, propose aussi une expérience de pur Cloud Gaming. Blade propose son service Shadow comme du Cloud Computing. Mais les configurations proposées intéressent surtout les joueurs. Ces derniers peuvent gérer leurs jeux comme ils le souhaitent. 

‘Mais dis-moi Jamy ! c’est quoi le Cloud Gaming ?’. En fait c’est très simple. Vous êtes dans votre salon, devant votre télévision, avec votre manette. Et la console de jeux est située de l’autre côté du nuage Internet. Sur des serveurs, chez le prestataire de Cloud Gaming. Fini, la console qui trône dans le salon, au côté de laquelle s’amasse les boîtes de jeux vidéos. Tout est en ligne, bien rangé dans des fermes de serveurs informatiques. 

En pratique, il ne reste qu’un minuscule boîtier qui se contente :

  • d’envoyer un message au service de Cloud Gaming, à l’autre bout du réseau, chaque fois que vous appuyez sur la manette, 
  • d’afficher en continu l’image du jeu auquel vous jouez en fonction, ou non, de vos actions sur la manette.

L’image est calculée ailleurs, sur des serveurs lointains. 

Lointains, mais pas trop. Si dans un jeu de voiture, il se passe 1/10 de seconde entre le moment où vous indiquez que vous voulez tourner et le moment où vous tournez, vous pouvez finir dans le mur, à moins de bien anticiper. La latence est une donnée importante pour la plupart des jeux. Il ne faut pas non plus oublier la compression du flux vidéo. On n’est pas sur un réseau local.  

Après les films et la musique, désormais, les jeux vidéos vont disparaître dans Internet, ‘Somewhere, over the rainbow’. Pas tout de suite. Pour cela, il faudrait des réseaux bien plus rapide et réactifs. Tout le monde n’a pas la fibre optique chez soi. 

Mais revenons du côté de Google. Tous les opérateurs espèrent remporter la bataille et devenir le fournisseur préféré des joueurs. Cette débauche d’énergie nécessite des investissements importants pour monter les datacenters. Et si les joueurs ne sont pas au rendez-vous, ou la concurrence trop rude, c’est la fin du service. Tout se joue sur le ‘business model’, et celui proposé par Google ne semble pas être le bon.

Là où les autres opérateurs proposent au minimum des centaines de jeux, Google proposent 20 jeux, plein tarif. C’est décevant pour des jeux anciens. Les nouveautés ? Vous pouvez les attendre, mais ce ne seront pas des exclusivités. Le service ? Il semble souffrir de nombreux bugs. La qualité de l’image n’est pas au rendez-vous. Google aurait dû s’inspirer de ses concurrents : l’abonnement et des jeux inclus ou peu chers. Le choix.

Cela fait 10 ans que j’entends dire que le temps des consoles de jeux est fini. ‘Elles seront remplacées par des serveurs sur Internet’ prédisent les spécialistes. Si on se fie au jeu des prédictions, nos chères consoles auraient dû disparaître il y a au moins 30 ans, remplacées à l’époque par les ordinateurs. Et il y a 20 ans, les téléphones portables devaient à terme les supplanter. 

Un point m’inquiète, c’est le coût écologique de la manœuvre. Cette question est plus complexe qu’elle n’y paraît car en réalité liée à nos usages. Si réseaux et matériels sont de plus en plus performants, nous sommes aussi de plus en plus exigeant. Et cela s’annule. Il est encore un peu tôt pour que les consoles disparaissent dans les nuages. 

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