D’aussi loin que je me souvienne, la mémoire est ce qui caractérisait avant tout l’informatique. S’il nous faut des heures pour retenir plusieurs pages de texte, ce traitement ne durait pas plus de quelques secondes pour un ordinateur des années 80. S’il est un domaine où l’informatique est impressionnant, c’est bien celui-ci. Cette capacité à stocker l’information.
Dans mes souvenirs, ces prodiges mécaniques me fascinaient. Une disquette pouvaient contenir plusieurs livres. Imaginez, les 3 tomes du Seigneur des Anneaux tenaient sur une disquette 3,5 pouces. Quelques grammes de plastiques équivalaient à plusieurs kilogrammes de papier. Et encore, c’étaient sans prendre en compte la capacité de traitement.
Retrouver une phrase dans un livre pouvait prendre des heures. Ou quelques secondes sur sa version numérique. Il était possible de définir autant de marque pages que l’on souhaitait.
La raison pour laquelle l’informatique n’allaient pas remplacer les bibliothèques résidaient dans le mode de consommation. Les écrans cathodiques fatiguaient les yeux des lecteurs. La lumière directe n’a jamais aidé à la concentration. L’encre électronique n’était que prototype dans les laboratoires des industriels et des universités. Et surtout, les ordinateurs coûtaient très cher.
Mais le propre de l’informatique n’a jamais été de concurrencer les bibliothèques. Lorsque le parrain de ma mère nous offrit l’encyclopédie Larousse sur cd-rom, je compris l’importance de ces outils dans la transmission des connaissances. Sur un seul cd-rom, il était possible de stocker l’équivalent de 500 disquettes. En plus de dizaines de milliers d’articles, des images et des vidéos complétaient ces articles.
Je sais que certains ont découvert cela avec l’encyclopédie de Microsoft : Encarta. Pour les plus jeune, à l’époque où l’accès à Internet était cher et lent, l’accès à l’information reposait sur les encyclopédies, d’énormes livres qui prenaient plusieurs rayons dans les bibliothèques. Alors les voir accessibles sur un disque de 12 cm de diamètre pour quelques grammes de plastiques, cela tenait de la magie.
Fini le thésaurus qui permettait de trouver un article étudié ou une définition dans le volume 27 de l’encyclopédie. Par une interface de recherche, en moins d’une seconde on avait accès à la connaissance de notre monde. Seul le Quid pouvait encore résister aux performances du challenger numérique. Mais l’ergonomie apportée par les mémoires numériques le faisait passer pour un être pré-historique.
La dernière évolution vous la connaissez. C’est Internet. Wikipedia est devenu l’encyclopédie réellement universelle : créée et alimentée par tous, pour tous. Certes, cela demande des contrôles pour que les négationistes en tout genre ne réécrivent les articles pour qu’ils correspondent à leur vision du monde. Mais, à l’échelle humaine, la somme de connaissance paraît presque infini.
Combien de vie faudrait-il à quelqu’un pour lire la somme des connaissances inscrite dans Wikipédia ? Restons sur ce site. Il contient plus de 2 millions d’articles en français. Chacun peut occuper plusieurs dizaines de pages. La version française du site représente 30 Go de données. On est loin de la disquette qui représentait à l’époque une avancée par rapport au papier. Et encore plus de la version papier.
Peut être aurais-je dû vous parler des différents supports (fixes, amovibles, déportés), des différents types de mémoire (lisibles, inscriptibles, modifiables) et de leur durée de vie (1s, 10 ans, une éternité) ? Comme je voulais déjà le faire dans mon premier article sur le sujet. Mais non, ce ne sera pas pour cette fois.
C’est notre connaissance et les nouveaux outils informatiques qui a fait la société actuelle. La mémoire s’acquiert petit à petit. Le fait qu’elle soit partagée n’est pas sans problème. Sous prétexte de liberté de pensée, des gens cherchent à remplacer le savoir par la croyance. En dépit des observations des premiers hommes, les platistes revendiquent un monde étrange.
Complotistes et autres imbéciles désireux de pouvoir sur les autres inventent des théories fumeuses en se basant sur des pseudo-sciences. La mémoire commune d’Internet est plus sensible à ces attaques. Le savoir s’acquiert petit à petit. Et ce sont nos expériences qui le renforce. Plutôt que de croire les autres, observez-les. Vous comprendrez alors la valeur de leurs paroles dans la mémoire universelle.
Forgive but don’t forget.