Non. Je plaisante. Quelle intelligence artificielle (IA) se permettrait d’écrire un article en se vantant d’en être l’auteur ? Le propre d’un article est d’apporter des informations. Ensuite, suivant son besoin de reconnaissance, son auteur se mettra plus ou moins en avant. Une IA a-t-elle besoin de se mettre en avant ? Non. Son concepteur peut-être plus.
Que les vrais journalistes se rassurent, même s’il existe des IA qui rédigent des articles, le métier ne va pas disparaître. Les robots ne se promènent pas dans les rues pour mener des enquêtes ou interviewer des gens. Les IA se contentent de recouper des sources diffusées sur Internet. Ensuite, elles rédigent des articles. Ce type de technologie, j’en ai entendu parlé en 2004. J’ai donc été surpris de voir aussi peu de références 16 ans plus tard.
Essayons de comprendre. Le travail de création d’informations reste à notre charge. Ensuite, l’IA agrège l’information dans un article. L’avantage est que recommencer 100 fois l’article pour respecter les exigences du rédacteur en chef ne lui posera pas beaucoup de difficultés. L’inconvénient est que la complexité d’une langue peut affecter la compréhension du sujet.
Prenons un exemple. Notre rédacteur numérique doit résumer le film ‘Le dîner de cons’. Comprendra-t-il la confusion de François Pignon lorsque ‘Juste Leblanc’ et ‘Marlène Sasseur’ sont évoqués par les autres protagonistes ? Lorsque les noms et prénoms de personnages sont aussi des noms communs, sans les références, il est difficile de saisir cela.
Admettons que notre IA n’ait pas d’humour. D’autres difficultés résident dans les sources audio malgré les progrès des programmes de reconnaissances vocales. Les homonymes sont à l’origine de beaucoup de fautes et d’incompréhension. Deux sons identiques peuvent avoir plusieurs sens. L’exemple le plus simple est la chaussure de verre/vair de Cendrillon. Le débat persiste depuis plus de 3 siècles.
Restons alors sur les sources écrites. Une autre difficulté est la source de l’information et la valeur que va lui accorder l’IA. Si notre rédacteur numérique considère Twitter comme une source fiable d’informations, il aura besoin d’un psychiatre numérique tellement les informations contradictoires et excessives sont nombreuses. Mais cette situation n’est pas l’apanage de Twitter.
Tout cela pour dire que derrière le travail rédactionnel d’une IA, il y a l’effort de nombreux intervenants humains. Et oui, le contexte se renouvelle en permanence, et son accès aux IA est limité. Mais partant de ce postulat, on peut penser qu’une IA peut poursuivre le travail d’un artiste disparu en intégrant l’ensemble de son œuvre.
Ainsi, on pourrait connaître la fin de ‘Tintin et l’Alph-Art‘ en donnant l’intégralité des bandes dessinés d’Hergé à une IA et en imposant un nombre maximal de pages pour terminer l’histoire. Se basant sur le style défini, l’IA saura poursuivre l’histoire. Les journalistes ne sont plus à la mode et nos scientifiques ont tenté l’expérience dans le monde des sorciers.
Je vous présente le nouveau titre de presque J.K. Rowling : “Harry Potter et le portrait qui ressemblait à un gros tas de cendres”. Pour les non-anglophones, on retrouve bien les personnages principaux de la série, mais il ne s’agit pas d’une suite. Et il ne peut être inscrit dans la chronologie officielle. Cela ressemble à un épisode écrit par un fan. Plutôt bien écrit, mais avec des scènes étranges.
Ron décide de manger la famille d’Hermione. Ron est aussi mauvais que sa chemise ‘Ron’. Pour entrer dans le château, le mot de passe est ‘femme bœuf’. Les méchants se moquent du fait qu’Hermione ne sait pas danser. Ron lance sa baguette à Voldemort sous des applaudissements. Harry trempe Hermione dans de la sauce piquante. Difficile de résumer l’action tellement c’est dense et farfelue … sur 4 pages seulement.
Si je me demandais à quoi tournent les scénaristes d’Hollywood, les machines ont trouvé mieux. On m’accusera sûrement de robophobie, mais privilégiez les histoires écrites par nous, auteurs et journalistes humains.