Le beauf de l’informatique

Ce qui caractérise le beauf c’est son enthousiasme exagéré, sa pensée transcendante, sa fierté exaltée, sa vision toujours perçante, ses choix inégalables. Il ne doute pas, il sait. L’informatique est à la mode. Il en devient le référent ultime et sait repérer parmi les centaines de milliers de références logicielles et matérielles laquelle est la meilleure. D’où a-t-il acquis de telles connaissances ? Son instinct. L’alpha n’a pas besoin de savoir pour maîtriser.

Comme pour son cousin fan de tuning Auto, le beauf de l’informatique privilégie avant tout la puissance. D’ailleurs, la configuration de son ordinateur le rappelle. Depuis la sortie récente des nouvelles cartes graphiques de Nvidia, notre ami a investi dans la ‘RTX 3090’. Le top des cartes graphiques. Inutile de renouveler le processeur et la carte mère. Il a déjà les meilleures références Intel et attend la prochaine gamme.

Ces amis lui parlent du dernier ordinateur Apple basé sur un processeur M1. Apple fabrique  des ordinateurs ? Pour notre héros, ces équipements se limitent à la création de vidéos et de musiques. Un truc d’artiste en somme. Avec sa configuration, il ne se limite pas à la seule création. Il joue dans la plus haute définition avec un niveau de détail maximum. Il installe des logiciels de pointe et virtualise des systèmes, … le Top. 

Comme pour sa voiture, le beauf a besoin d’étaler sa puissance. Il a le plus grand écran, le plus grand boîtier. Les leds sont omniprésentes dans sa configuration. Il écume les sections RGB des sites marchands pour que chaque élément de sa configuration illumine. Au besoin, il ajoute un bandeau de led. Même son système de watercooling (refroidissement par eau) et son siège sont éclairés. 

L’étalage du beauf de l’informatique ne se limite pas à sa configuration. Il a acheté le jour de leur lancement les dernières consoles à la mode. PS5 et Xbox X trônent dans son salon pour le plus grand plaisir de ses enfants. Lui ne joue que sur sa configuration PC master race

Il en est de même pour ses téléphones portables. L’iPhone est trop mainstream (commun) et fermé. Sans maîtrise, la puissance n’est rien. Notre beauf utilise donc un Android. Mais pas n’importe lequel. Il lui faut le meilleur capteur photo, et le dernier processeur à la mode. S’il a acheté le Samsung Galaxy S20 Ultra avec un capteur photo de 108 Mpx, il en changera probablement dans 6 mois.

Vous me direz que le beauf que je décris est trop riche pour être beauf. L’étalage de la richesse n’est pas signe de richesse. Et notre héros ne se concentre que sur le seul domaine numérique. Ces acquisitions représentent parfois quelques SMIC mais il est entreprenant et n’hésite pas à financer ses futures acquisitions par la revente de ses précédentes. Il faut bien cela pour conserver le rang de leader.

La beaufitude ne se limite pas à un milieu. Mais celui de l’informatique en réinvente les codes.  Il est vrai que l’argent change le vocabulaire. On parle alors de snobisme (sine nobilis – sans noblesse) pour distinguer le nanti du prolétaire. Mais l’informatique ne connaît pas le luxe. La distinction se fait sur des caractéristiques techniques, des nombres. Le prix en est proportionnel ou presque.

Notre ami fait donc étalage de sa puissance sur les autoroutes de l’information plus que dans les salons. La proximité virtuelle de ses condisciples lui permet de ne pas souffrir de l’inculture de son entourage. Il ne prend pas en compte l’usage de la technologie. Seul compte le chiffre : la fréquence, le nombre de transistors, les Méga pixels, les images par secondes, …

Sa passion permet d’avoir les meilleures photos et vidéos lors des fêtes et des vacances. Sa vantardise reste ainsi acceptable pour tous. Enfin, tant que personne ne lui fait remarquer que les photos sont mal cadrées. 

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