Je pensais cette tradition disparue. En réalité, inconsciemment, j’avais pris l’habitude de ne plus la voir tellement je trouvais cela pénible. Et c’est une simple application qui m’a rappelé à cette pratique pourtant honnie des concepteurs d’applications. Vous téléchargez et installez une application intéressante et des logiciels non désirés tentent de s’incruster sur votre ordinateur.
Dans mon cas, je n’avais pas changé le fond d’écran de mon ordinateur professionnel depuis longtemps. Alors la suggestion de l’application ‘Bing Wallpaper’ me semblait intéressante. Logiciel Microsoft, suggéré sur l’écran d’accueil de mon compte professionnel, je ne risquais rien à l’installer. En soit, je n’ai rien à dire sur le logiciel. Il pioche chaque jour une nouvelle image issue d’une banque de photographies professionnelles.
Par contre, une suggestion m’a été faite à son installation : ajouter Bing comme moteur de recherche par défaut pour les différents logiciels de navigation que j’utilise. Ayant pris l’habitude de lire les demandes inopportunes, j’ai décoché l’option. Mais qui lit encore ces messages ? Combien de personnes se sont retrouvées avec leur accès à Internet changé sans comprendre pourquoi ?
Bing en soit n’est pas une mauvaise plateforme de recherche. Mais, je trouve l’approche agressive. Lorsque je télécharge un logiciel, c’est pour l’utiliser. Je sais ce que je veux et je ne suis pas intéressé pour tester d’autres logiciels. Ce forçage de main m’exaspère. Et le début des années 2000 fut terrible pour cette pratique.
Trouver le bon logiciel n’était pas évident. Heureusement, des sites se proposaient d’agréger les logiciels suivant leurs fonctions. Parmi les plus connus de l’époque, ‘telecharger.com’ était en tête en France. Pour se rémunérer, ces sites utilisaient la publicité. Rien d’anormal. Par contre, une seconde pratique faisait entrer de l’argent : l’empaquetage. Derrière ce terme se cache la pratique sournoise.
Pour faire simple, vous récupériez Winamp sur le site référence du téléchargement, et à l’installation, en plus du lecteur de MP3, vous acceptiez l’installation d’autres logiciels plus ou moins sains. Parmi ceux-ci, des barres d’outils s’ajoutaient sur vos navigateurs. Le cumul de ces barres d’outils pouvaient rendre la navigation difficile. Parfois, c’étaient des logiciels espions ou pire (bien pire) qui s’incrustaient sur votre ordinateur. .
Donc au mieux, vous retrouviez votre navigateur envahi d’icônes inutiles alors que vous vouliez écouter ou encoder de la musique. La seule solution pour éviter ce piège était donc de télécharger le logiciel directement depuis le site de l’éditeur. J’utilisais donc ‘telecharger.com’ comme moteur de recherche de logiciels et après lecture des avis, je me connectais directement sur le site de l’éditeur.
Si le site ‘telecharger.com’ est réputé fiable (surtout depuis son rachat par 01.net), il existe de nombreux autres sites de téléchargement qui sont beaucoup moins contrôlés. Pourtant, il apparaissent en tête, parfois avant l’éditeur du logiciel recherché. Ne croyez pas au miracle, si vous trouvez le jeu de vos rêves sur ces plateformes pour rien ou presque, vous risquez de le payer cher.
La tradition de l’empaquetage s’est perpétuée malgré la controverse. Mon habitude de me connecter au site de l’éditeur m’a évité pas mal de déboires. Mais cela ne me protège pas complètement. Il arrive que certains éditeurs s’associent pour livrer plusieurs logiciels en même temps. Donc, à l’installation d’un programme, au lieu de cliquer systématiquement sur le bouton ‘Suivant’, il vaut mieux prendre 10 secondes pour lire les messages.
Dans le cas de ‘Bing Wallpaper’, il ne s’agit que de promotion des services Microsoft pour mieux vous connaître. D’autres éditeurs ne se privent pas d’ajouter des logiciels espions, avec ou sans votre consentement. Votre profil utilisateur se négocie pour les régies publicitaires. La pratique ne s’est donc jamais éteinte.
Installer un logiciel sans lire les messages, c’est accorder un consentement tacite à tout. Et là, même le RGPD ne vous protègera pas. Si le produit est gratuit, c’est que vous êtes le produit.