Café philosophie #14

La technologie est-elle néfaste ? C’est en tout cas l’avis de certains. Lorsque nous regardons les débordements modernes, la question mérite de se poser. Entre les harcèlements présents sur les réseaux sociaux, les jeux vidéos où l’ultra violence règne, les fakes news qui se multiplient et les rançonnage d’entreprises, l’usage de l’informatique ne va-t-il pas mener nos sociétés à leur perte ?

Sous couvert d’anonymat, des hordes de Trolls et de Haters insultent ad nauseam toute personne qui exprime une pensée sincère. Des influenceurs sont menacés. Leur vie privée est étalée comme un moyen de pression pour les faire taire. Tout moyen est bon pour niveler vers le bas les pensées.

Les jeux vidéo sont souvent pointés du doigt. Un monde dans lequel les choix n’ont pas de conséquence puisque le joueur peut être amené à tout moment à recommencer à sa dernière sauvegarde, cela ne va-t-il pas apporter de fausses valeurs ? Nous n’avons qu’une seule vie. Telle était l’inquiétude des parents il y a 30 ans. 

Comment apprendre à se débrouiller lorsque le monde dans lequel nous évoluons se parcourt en appuyant sur des boutons ? Il est vrai que les rituels de passage à l’âge adulte ont tendance à disparaître. Fini les cours de cuisine et d’économie du ménage. Fini le service militaire. Les jeux vidéo ont pris la place. 

Les élections sont manipulées à coup de fausses nouvelles. Tel candidat est un violeur. Tel autre est un pédophile. La moindre rumeur est étalée sur des sites de ragots (gossip) sans aucune vérification. Et lors d’un procès, Internet amplifie le juge médiatique à tel point que le présumé coupable est condamné avant son procès.

Les attaques d’hôpitaux se sont multipliées lors de la pandémie. En bloquant le système informatique d’une entreprise, les pirates réclament des sommes importantes afin de débloquer l’activité. Un hôpital est donc une cible rentable. Quel directeur risquerait la vie de ses patients pour quelques milliers d’euros ? 

Devant tant d’informations négatives, le coupable est tout trouvé. C’est la faute de l’informatique. Alors Monsieur l’Ordinateur, qu’avez-vous à dire pour votre défense ? Tous ces problèmes n’existaient pas il y a 30 ans. 

Jalousie, violence, manipulation, arnaque, … ces fléaux de nos sociétés existent depuis toujours. L’informatique est une caisse de résonance. Mais peut-on juger un outil ? C’est aussi ridicule que de condamner une voiture lors d’un accident de la route. Il faut plutôt s’intéresser à celui qui en a fait cet usage. 

En de bonnes mains, les réseaux sociaux sont un outil d’échange et de partage, les jeux vidéo sont une invitation à une promenade imaginaire, les moteurs de recherche sont un moyen de s’informer et d’apprendre. Le problème est que personne ne nous a appris à nous en servir. L’expérience s’est faite sur le tas, en même temps que les outils se mettaient en place. 

En 40 ans, nous avons acquis suffisamment d’expérience pour connaître ses bienfaits et ses dangers. Comme toute activité, nous nous devons de connaître un minimum de base pour en tirer des bénéfices. 

Alors pour éviter les débordements, ne devrions-nous pas enseigner l’usage de l’informatique ? Savoir s’en servir, rechercher des informations ou programmer est une chose. Comprendre l’impact de ses usages et définir des règles communes serait un plus qui mériterait d’être enseigné à tout âge. 

Il y aura toujours des abus. Dans ce cas, c’est à notre société de juger la main derrière le clavier. Les règles communes existent depuis des millénaires. Les bandits peuvent toujours se réfugier derrière les frontières. Privilégions alors les producteurs locaux. 

Pour reprendre Ésope, “L’informatique est la meilleure et la pire des choses.”

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