A l’assaut de Babel

Pourquoi apprendre une langue ? Pourquoi passer des heures à retenir des listes de mots étrangers ? L’informatique nous l’a promis. Demain, la tour de Babel ne sera plus. Une simple oreillette nous permettra de communiquer avec le reste du monde. L’un des Graal de l’informatique, la traduction instantanée, c’est pour demain. 

Il faut dire que les solutions proposées par l’informatique dans ce domaine ont grandement évolué. 

Au début, la solution était le dictionnaire. Enfin, j’entends ici la version électronique. Il s’agissait d’un petit appareil semblable à une calculette qui permettait de saisir des mots sur un clavier. Un bouton permettait ensuite de rechercher dans une base de données la traduction dans la langue voulue. 

La solution n’était pas pratique pour lancer une discussion. Au plus, cela permettait de chercher les mots pour compléter ses phrases ou pour comprendre les panneaux ou les cartes des restaurants. C’est toujours mieux que rien. La solution est désormais intégrée dans tous les téléphones intelligents et permet de saisir des phrases. 

Mais taper son échange sur un smartphone, cela prend du temps. Et cela se heurte à deux autres difficultés. 

La première est l’orthographe. Cela peut paraître évident, mais un mot mal orthographié ne trouvera pas son équivalent dans le dictionnaire. Il ne sera donc pas traduit. Enfin, en principe, le correcteur orthographique peut vous signaler l’erreur. Mais gare aux homonymes. Le risque est alors de ne pas trouver sa voie. 

La deuxième difficulté, ce sont les expressions. Vous pouvez dire “It’s raining ropes.” Mais je doute que les anglais comprennent. Pour eux, ce sont les chiens et les chats qui tombent. L’averse peut être rude. Un traducteur automatique fournira une version littérale du texte saisi. S’il connaît l’expression, cela passera. Mais autrement, votre interlocuteur pourra être surpris. 

C’est pour cela qu’un peu d’intelligence artificielle commence à être ajouté. Une traduction littérale ne convient pas forcément. Traduire, c’est d’abord comprendre le contexte. Les professionnels prennent trop de place dans les valises. L’IA se glisse plus facilement dans la poche, ou sur un serveur à l’autre bout du monde. Moins performante, elle est plus pratique. 

Reste le problème de la fluidité. Plutôt que de saisir son texte au kilomètre, s’il est possible de le dicter et de montrer la réponse à son interlocuteur, c’est mieux. On l’a vu, la reconnaissance vocale fonctionne. Plus ou moins. Elle marche très bien en anglais, mais peut sembler glottophobe avec les accents régionaux. 

Le problème de la base de données qui sert à l’IA est résolu depuis quelques années. Même sans réseau, pour moins 1 Go par langue reconnue, votre téléphone peut comprendre une langue étrangère. Ainsi, en partageant le téléphone, il est possible de parler naturellement et d’être compris. Microsoft propose une solution très efficace : Translator

On gagne en fluidité. Sauf pour lire cette satanée carte. Il faudrait que le téléphone lise les caractères puis affiche la traduction en surimpression. La lecture de caractères, cela existe depuis longtemps. Les scanners sont démocratisés depuis les années 90. Et les logiciels de reconnaissance optiques de caractères (OCR) ne sont pas une nouveauté. 

Couplé au traducteur automatique. Je renverrai encore une fois vers le logiciel de Microsoft. Quand un produit marche, autant en profiter. 

Je reviens sur l’échange vocal. Cela manque toujours de fluidité. Certes, en visioconférence, les traductions quasi-instantanées ne gênent pas, mais lorsqu’on est face à la personne, cela ressemble à une partie de ping-pong. Il faut passer le téléphone en permanence.

On me souffle dans l’oreillette que cela existe déjà. Peut être, mais je n’ai pas l’impression que ce soit efficace. En effet, toutes les technologies citées (ou non) précédemment (reconnaissance vocale, intelligence artificielle, voix de synthèse, …) s’intègrent difficilement dans un si petit objet. La qualité n’est donc pas au rendez-vous et rend l’objet inutile. 

Mais lorsqu’on voit qu’Apple s’intéresse de son côté au son, on s’attend à une future fonctionnalité. Je vois bien le fabricant sortir prochainement des écouteurs, couplé à l’iPhone, qui prendront la traduction instantanée en charge. Le fantôme de Steve Jobs ne laissera sortir le produit que lorsqu’il sera révolutionnaire (utilisable par n’importe qui). 

Enfin, dans le royaume informatique, cela fait bien longtemps que nous avons résolu ce problème. La langue officielle est l’anglais. On aurait bien pris l’esperanto, mais comme nous sommes des hippies électroniques notre milieu naturel ne s’y prête guère. 

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