“Le PHP, ce langage d’amateurs. C’est bon pour les étudiants et les développeurs fauchés.”. C’est ce que j’entendais au début des années 2000 lorsque je commençais à programmer mes premières applications Internet. Il faut dire que les commerciaux de chez Microsoft n’appréciaient pas la concurrence. C’est leur technologie qui devaient révolutionner la création d’applications web.
A l’époque, la machine marketing cherchait à reprendre le contrôle. Mais rien ne pouvait entraver la marche de l’éléphant. Il faut dire que ce langage créé par un jeune ingénieur, Rasmus Lerdorf, était très apprécié par la communauté des développeurs. Simple à appréhender, performant, fiable et surtout libre d’utilisation, le PHP attirait de plus en plus de monde.
Les grands projets d’Internet sont souvent issus de ce langage. Facebook en est le meilleur exemple. WordPress qui représente presque les ⅔ des sites Internet disponible tourne aussi sous PHP. Il faut dire que le langage multiplie les qualités.
Ce ne sont pas les railleries des marketeux de Redmond qui allaient empêcher des communautés de développeurs de s’intéresser à la technologie et de la faire progresser. Si le PHP a bien commencé par un développeur, c’est un travail collectif qui l’a amené à être le langage le plus utilisé de nos jours. Son créateur est d’ailleurs un fervent défenseur des logiciels libres et quelqu’un qui a su rester modeste.
Au départ, il s’agissait d’un projet pour faciliter le développement de pages HTML dynamiques. Internet venait à peine d’être créé et Rasmus ne voulait pas se contenter de pages statiques. Composée d’une bibliothèque en écrite en C, l’interpréteur rendait dynamique la production de pages HTML.
Ainsi, il créa la première version de PHP qui signifiait à l’époque Personal Home Page (Page d’accueil personnalisée). Lorsqu’un utilisateur consulte une page Internet, celle-ci est traitée par l’interpréteur PHP pour être personnalisée suivant un contexte. PHP agit donc comme une extension du serveur Web. Si Rasmus diffuse sa première version en 1995, le succès n’est pas encore au rendez-vous.
Il faut le travail de deux étudiants, Zeev Suraski et Andi Gutmans, pour que le langage devienne complet. Si l’idée de base est conservée, la réécriture s’avère payante. En 1998, la version 3 de PHP est diffusée. En parallèle l’acronyme est changé pour Php Hypertext Preprocessor (PHP : préprocesseur de liens hypertexte). Dans la foulée de la version 4.0, ils créent une version professionnelle de la technologie, le Zend engine.
L’apparition de la branche professionnelle n’altère pas la volonté libriste du langage. Au contraire, la synergie des 2 branches apportent du crédit à la technologie. En parallèle, PHP est associé à d’autres technologies libres créées lors des années 90. L’interpréteur PHP utilise la base de données Mysql pour stocker les informations et est mis en avant par le serveur Web Apache. Les 3 services tournent sur un serveur Linux.
Le quatuor de technologies, surnommé LAMP, est à l’origine de l’Internet actuel. D’ailleurs actuellement, il est le moteur de la majorité des sites, environ 80%. Les géants d’Internet cherchent bien à le remplacer. Mais l’éléphant ne s’arrête pas. La plupart des entreprises du Net utilisent PHP. Elles délèguent donc des développeurs pour le support du projet. Personne ne veut voir l’éléphant chuter.
Rasmus est donc à l’origine d’un projet qui a depuis le support de tous les acteurs du Net. Avec une telle communauté, on peut espérer une longue vie à cette technologie. Même si Microsoft, Google ou Facebook se risquent parfois à proposer des technologies concurrentes, l’importance du marché les ramènent rapidement à la raison. Quelques frameworks javascript arrivent à prendre des parts de marché, grâce à l’esprit libriste.
On pourrait penser qu’avec un tel succès, Rasmus serait devenu un excentrique milliardaire qui se pavane dans sa villa en faisant quelques rares apparitions pour commenter l’actualité informatique. Loin de là, il reste un ingénieur qui poursuit une carrière professionnelle classique. En tant que fondateur, il lui arrive de participer à des colloques et d’intervenir sur l’évolution de l’éléPHPant.