Vite fait …

Alors en pause à son lieu de travail, Kévin discute avec ses collègues. Il faut dire que la situation sanitaire l’avait éloigné de ces derniers. Kéké se révèle donc plus prolixe que d’habitude et parle de ses dernières activités. Il évoque sa chaîne Twitch et sa passion pour les jeux vidéo. Fifa l’ennuie ces derniers temps. Il cherche à renouveler les activités de sa chaîne. 

Et pourquoi ne pas faire du speedrun pour changer ? Derrière ce terme anglais se cache une pratique issue de la préhistoire des jeux vidéo. A l’époque, les parents offraient un jeu vidéo à Noël et un second pour l’anniversaire. Alors, il fallait bien choisir et le jeu avait le temps d’être parcouru dans tous les sens. Ensuite, on échangeait notre jeu avec ceux des amis. 

Certains jeux étaient chronométrés. De là est née une véritable compétition : finir le jeu le plus rapidement possible ou speedrun. Internet allait améliorer le principe. Là où la comparaison était locale, elle devint mondiale. Le principe étant établi, Kévin hésite sur le jeu qu’il va partager en boucle avec ses spectateurs. 

Les joueurs professionnels se sont tellement acharnés sur les jeux Zelda et Mario qu’apparaître dans les 100 premiers nécessite des mois d’entraînement. Sortir du lot semble impensable, alors récupérer le record du monde ? Et puis comment se distinguer avec un jeu pour lequel existe des milliers de ressources ?

Heureusement, ce ne sont pas les jeux qui manquent. Les speedrunners affectionnent les anciens jeux. Ils ont l’avantage d’être disponibles en émulation, donc facilement simulables sur un ordinateur et diffusables sur une plateforme. De plus, les techniques pour finir rapidement ces jeux sont connues. Enfin, la touche nostalgie rappelle aux anciens joueurs les heures passées. 

Cependant, chercher à battre un record sur un ancien jeu n’est pas sans défaut. Les ‘gros pixels’ et les séquences répétitives peuvent lasser les spectateurs. Et puis répéter en boucle pendant des mois un jeu que l’on finira en 10 minutes n’est pas amusant. Il faut donc un jeu récent sur une licence déjà connue. Il est ainsi facile d’attirer les spectateurs tout en ayant des mécaniques de jeu intéressantes. 

Le speedrun est plus qu’une compétition. C’est une expérience. D’abord, il faut finir suffisamment le jeu pour le connaître par cœur. Ensuite, la conception d’un niveau peut laisser certaines facilités pour permettre au développeur de tester plus rapidement le jeu. Les ‘warp zones’ de Mario n’auraient dû rester connues que des développeurs. Il existe toujours des chemins alternatifs. 

Enfin, il faut comprendre les mécaniques pour savoir les exploiter au maximum. Entre ce qui apparaît à l’écran et ce qui est réellement permis par le moteur du jeu, une hitbox mal codée peut permettre de traverser un mur et de terminer un niveau plus vite que prévu. Speedrunner un jeu, c’est donc un apprentissage et du partage avec les autres acteurs des jeux vidéo. 

Ses collègues font remarquer à Kéké que ce type de contenu intéresse peu de monde. Mais notre héros ne l’entend pas ainsi. Twitch est la preuve que des gens peuvent payer pour ce type de contenu. De plus, il existe de nombreuses ressources : SDA, GDQ, … Les différentes plateformes de diffusion ont aussi des chaînes entières dédiées à l’activité. La gloire l’attend.

“En attendant ! C’est le travail qui nécessite votre attention !“ fait remarquer le chef de Kévin. “Si vous pouviez aller ‘speedworker’ en 100% pour changer !”.

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J’ai de la chance !!!