Tout est dans le rythme

Quelle heure est-il ? La réponse se trouve sur une montre. Pourtant, elle n’a rien d’évident. Si notre système métrique se base sur les dizaines, il n’en est rien pour la mesure du temps. Le référentiel est bien le jour. Un jour est une rotation de la terre sur elle-même par rapport au soleil. Placer le soleil comme référentiel est important. Un jour se décompose en 24 heures de 60 minutes. 1 minute se décompose en 60 secondes.

Quand je pense qu’on nous vante à l’école le mérite du système décimal. C’est quoi le problème avec les maîtres du temps ? Le système nous semble naturel puisque nous sommes formaté depuis la naissance, mais il n’en est rien. 1 jour devrait se décomposer en dixièmes, chaque dixième en centièmes, … Et le soleil resterait le référentiel. À la verticale, il est midi.  

Parlons-en du référentiel. Suivant où on se situe sur Terre, il n’est pas midi partout à la même heure. Un référentiel a été défini, un obscur observatoire anglais, Greenwich. Les horloges se définissent par rapport à ce lieu. De temps en temps, on décale de trente minutes ou d’une heure suivant les contrées pour s’assurer que le soleil reste à peut prêt au-dessus de la tête où qu’on se trouve. 

Avec l’arrivée d’Internet, de nouvelles problématiques se sont posées. Donner un rendez-vous à un collègue en Guadeloupe nécessite de penser au décalage horaire. ‘Rendez-vous à 14h’ pour une conférence en ligne signifie qu’il se connecte à 8h ou 9h, suivant le changement d’heure.

Un autre exemple, lorsqu’un serveur de messagerie enregistre un nouveau courrier, il doit le dater, et préciser sur quel méridien il se situe. Autrement, il est impossible de connaître l’heure exacte du message.

C’est pour cela que le 23 octobre 1998, l’horloger suisse Swatch s’est proposé de redéfinir le temps. 1 jour se découpera en 1000 divisions nommées .beats (prononcer ‘dot beat’ ou ‘point beat’ en français) et le référentiel, ‘0’, sera leur siège situé dans la ville de Bienne, à minuit. Pour faire moderne, le symbole de temps sera le signe ‘@’ qui se prononce ‘at’ et signifie ‘à’ en français. Le rendez-vous est à 14h.

L’idée est intéressante. Elle résout les difficultés évoquées précédemment. Un événement qui se produit sur Internet est indiqué au même .beat où que l’on se trouve sur la planète. Mais, cela peut déboussoler les non-initiés. Midi, la moitié du jour, à Bienne c’est (à) @500. À Lyon, le soleil est au zénith (à) @507. 

Pour les informaticiens reclus dans leur antre, cela ne fait pas de différence puisqu’ils ne voient pas le soleil. Le système n’a que des avantages. Il n’est plus nécessaire de se synchroniser puisque l’heure donnée est exacte où que l’on se trouve sur la planète. Cela ne changera pas les problèmes d’ouverture des services locaux (écoles, bibliothèques, mairies, …) … ouverts lorsqu’on travaille. 

Par contre le nom de l’unité est difficilement prononçable en français. Oui, cela signifie ‘battement’ en anglais mais des esprits mal tournés feront des jeux de mots foireux. Je préfère demander l’heure.

Au final, l’initiative n’a pas trouvé son succès. Seuls quelques informaticiens ont adopté cette norme avant de l’abandonner et le .beat est tombé dans le purgatoire de l’informatique. Il reste toutefois possible de la consulter sur le site officiel de Swatch ou d’installer une application qui affichera le temps sur votre équipement numérique Apple ou Android.

Allons au-delà de l’initiative Swatch. Pourquoi rester dans le système décimal alors que l’informatique est binaire ? L’heure internet devrait être un multiple de 2. Une référence plus pertinente serait 2^10 soit 1024 divisions. Mais comme on apprend à compter sur nos 10 doigts, ma proposition ne sera pas retenue.

Dans le même genre de calcul du temps, je laisse les mathématiciens proposer une mesure du temps en centième de radian.

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