La casa de papel

Si le casse de Dimitri ne s’était pas passé comme il le souhaitait, celui de Samuel restera dans les annales. Sam est un jeune homme bien sous tout aspect. Brillant étudiant en mathématiques au Massachusetts Institute of Technology (MIT), il comprend rapidement l’intérêt des statistiques dans le monde de la finance.

A 25 ans, après une expérience réussie comme opérateur de marché à Wall Street, Sam décide de devenir indépendant, et cofonde en septembre 2017 la société Alameda Research. Spécialisée dans l’échange de crypto-monnaies, l’entreprise californienne devient rentable grâce à des arbitrages sur le cours du bitcoin suivant les pays. 

Sam et ses employés font partie du groupe des ‘altruistes efficaces’. Il s’agit d’un courant de pensée qui considère que l’argent gagné en plus doit servir à faire progresser l’humanité. Les millions récupérés sur les marchés sont répartis entre les prochains coups et des bienfaits. 

Après 2 ans dans cette communauté, Sam décide de passer la vitesse supérieure. Son expérience sur les cryptos lui apporte un objectif. Au temps du Far West, les marchands de pelle s’enrichissaient à coup sûr. Dans le Klondike numérique, celui qui vend les meilleurs outils est sûr de gagner. 

Alors Sam quitte Alameda et fonde la place de marché FTX. N’importe qui peut échanger des cryptos depuis celle-ci. Et les outils statistiques proposés sont plus performants que ceux de leurs concurrents. En 3 ans, la société de Sam devient le deuxième portail le plus utilisé au monde avec plus de 10 milliards de dollars échangés chaque jour. 

En 2020, il propose sa monnaie virtuelle, le FTT, qui devient un succès. Elle facilite les échanges au sein de la plateforme. Les concurrents de FTX investissent afin de spéculer et de gagner de l’argent.  

Septembre 2022, la fortune de Sam est estimée à 17 milliards. Le jeune trentenaire roule en Toyota Corolla et s’habille modestement. Il est adoré de la jet set américaine qui voit en lui un sauveur de ce monde corrompu par l’argent. Les médias américains lui font la cour et les fonds de pension s’intéressent au prodige. 

Sam est jeune, milliardaire et généreux. L’image du génie de l’informatique et la parole du bienfaisant, il est aussi un donateur important du parti démocrate. Mais le 2 novembre 2022, un Tweet va faire s’écrouler le mythe. @cz_binance, le patron de Binance, un groupe concurrent s’interroge sur les relations entre Alameda et FTX.

Le FTT qui assure la solidité de FTX est principalement détenu par Alameda. Or cette dernière ne semble pas en bonne santé. Si elle fait faillite et doit liquider ses positions, alors la revente massive de FTT fera chuter son cours. Et Binance possède aussi des FTT et ne veut pas voir ses actifs dépréciés. 

Sam communique dans les médias pour assurer la fiabilité de FTX mais le mal est fait et le FTT s’effondre entraînant Alameda et FTX. Dans un ultime geste d’altruisme, Sam décide de vendre FTX à son concurrent. Ainsi, cela permettra aux clients de retrouver leurs porte-monnaies virtuels. 

Mais, Binance va constater un petit problème. Il manque au moins 5 milliards de dollars dans les caisses de FTX. Pardon, sur les comptes des utilisateurs de la plateforme. Cela ne devrait pas puisqu’il ne s’agit pas de la plateforme. Binance refuse le rachat et se pose la question de la disparition d’une telle somme. 

La réponse a fait l’objet d’un procès qui s’est terminé le 3 novembre. Sam piquait dans les caisses de ses clients pour renflouer la société Alameda dont il était resté propriétaire et qui l’aidait dans ses coups financiers. Et ce n’est pas 5 mais 10 milliards qui avaient été détournés. 

Les altruistes étaient loin d’être efficaces niveau comptabilité. L’histoire regorge de détails hallucinants. Cette vidéo en recense quelques-uns non présentés dans les médias traditionnels. 

Cependant, un détail m’impressionne. Il n’y avait que 6 développeurs derrière la plateforme FTX. Et ils l’ont amené à la deuxième place avec des outils si performants que le détournement de compte se faisait en un clic. Quand on connaît la complexité des mécanismes, j’applaudis.

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