Café philosophie #17

Le domaine informatique évolue. Les innovations s’enchaînent, même au CES. Et la vision de notre avenir me semble étrange. Le monde se dote de toujours plus d’objets magiques censés révolutionner notre quotidien : de la domotique, des assistants personnels, des voitures intelligentes, …

Vers quel avenir ces objets numériques nous emmènent-ils ? Imaginons que je gagne au loto et que sans conscience pour mon environnement, j’achète le summum de la technologie. En quoi cela améliorera-t-il ma vie quotidienne ? Vais-je acquérir des super-pouvoirs ? Ou au moins des avantages par rapport aux autres ?

Prenons l’exemple de la domotique. Tout ce qui nous entoure peut être connecté. Chaque objet, même le plus simple comme une fourchette, acquiert la capacité de nous envoyer en permanence des informations. Cela devient une cacophonie sur le téléphone intelligent qui aligne les notifications de chacun.  

Devant tant d’activités, le mieux est de déléguer à un assistant numérique la bonne tenue de la maison. Libre à lui de déléguer l’activité à ses collègues robotiques ou de commander mes plats préférés sur Internet. Tant que je suis satisfait du menu et que je n’ai pas à me préoccuper de la logistique, il a carte blanche.

Je pourrai employer un majordome, une femme de ménage et un jardinier, mais contrairement à eux, la version numérique est disponible en permanence, et ne prend pas de place une fois rangée. Ai-je envie de déléguer aux autres les tâches que je n’aime pas ? Non. Et en plus, je me libère du temps pour mes activités favorites.

J’aime écrire. Et pour trouver l’inspiration, j’ai besoin de voyager et d’être au contact d’autres cultures. Je demande donc à un assistant numérique de planifier mon prochain voyage. Je n’ai pas besoin de lui préciser . Il connaît les pays que j’ai visité. Je lui ai demandé de me surprendre. Il se charge du reste. 

Ma voiture vient me chercher et me conduit automatiquement à l’aéroport. Mes lunettes connectées me guident dans l’aéroport jusqu’à la bonne porte d’embarquement. Je n’ai pas de jet privé. Je présente mon téléphone et mon passeport, j’entre dans l’avion et je m’assoie au siège indiqué par mes lunettes. 

La plupart des passagers parlent dans une langue qui m’est inconnue. Je demande à mon assistant de me traduire les paroles des passagers les plus proches. Mais les conversations sont ennuyeuses et je m’endors devant un film. Je demanderai à l’arrivée à mon assistant d’écrire un article pour mon blog.

Sortons de l’exercice. Je pourrai détailler chaque mécanisme que je survole dans l’article. Mais la profusion de détails ne changerait rien au problème. Cette vision du monde où nous ne rencontrons plus de contraintes, puisqu’elles sont déléguées à des robots, semble enviable, en apparence.

Pourtant, ce sont les contraintes qui nous construisent. Lorsque je fais le ménage, je réfléchis aux activités et aux relations que je devrais écarter et à celles que je devrais mettre en avant. Faire le ménage c’est faire du sport. Nettoyer les vitres, c’est enchaîner des squats. Pourquoi déléguer ces bienfaits à des machines ? 

Je prends plaisir à me projeter dans de prochains voyages. Et même si je ne les fais pas, le temps passé à les planifier et à regarder les lieux intéressants, c’est déjà voyager. Apprendre une langue et pouvoir discuter dans un pays étranger est un exercice difficile mais gratifiant sur le plan personnel. Une aide est bienvenue, mais pas un remplaçant. 

Les innovations proposées nous placent dans une position de consommateur de biens et de services. Faisons en sorte que les usages de l’informatique, au lieu de nous enfermer dans ce carcan, nous amènent dans des domaines où nous serons acteurs de notre vie.

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