À quoi bon apprendre ?

Le Bac étant dans quelques mois, Titouan s’interroge sur l’utilité de l’apprentissage. Avec des outils comme ChatGpt, Copilot ou Deepseek, il suffit de poser une question pour qu’une réponse précise soit apportée. A quoi bon alors retenir des dates, des théorèmes, des figures de styles ou autres joyeusetés dont les enseignants les abreuvent ?

Si plus jeune, il était passionné d’informatique et voulait créer des jeux vidéos, les dernières nouvelles l’emmènent à se questionner. Pourquoi s’investir et apprendre des langages alors qu’il suffit de formuler sa demande à une IA pour que celle-ci réalise l’application ?

A quoi cela sert-il encore d’apprendre un langage informatique ? Pourquoi perdre son temps à retenir des verbes, des mots, des cadres de travail lorsqu’une machine peut le faire à notre place ? La question pourrait vexer les générations précédentes d’informaticiens qui ont lutté avec des technologies et des outils difficiles à appréhender.

En réalité, cela ne dérangera que les rois des collines qui toisaient les jeunes jeunes du haut de leur expérience étriquée. L’informatique est un domaine en évolution continue. Les IA actuelles correspondent à une évolution attendue par les informaticiens. Il s’agit d’une forme améliorée de langage de 5ème génération

Améliorée parce que n’importe qui peut comprendre la réponse. Et la définition des contraintes est réalisée automatiquement à partir de sources variées. Une part d’erreur est présente. Tout projet informatique intègre à minima une étape de tests de l’application. L’IA est un développeur comme un autre.

À quoi bon apprendre ? 

Si dans l’ensemble, l’IA génère un code de meilleure qualité qu’un développeur, bien plus rapidement et pour moins cher, pourquoi s’acharner à retenir verbes et paradigmes ? Il suffit de savoir s’exprimer correctement.  

L’erreur d’un débutant est de penser que le codage est l’activité principale d’un informaticien. Si vous me lisez depuis quelques années, vous vous êtes aperçu que ce n’est pas le cas. C’est, à mon sens, l’activité la plus passionnante puisqu’elle concrétise les attentes des utilisateurs finaux. 

C’est aussi l’activité la plus ingrate. Écrire des structures de codes. Corriger les erreurs de nos prédécesseurs. Parcourir des dizaines de milliers de lignes de code réparties dans des centaines de fichiers. Écrire des tests unitaires. Être relégué au rang de simple exécutant par une hiérarchie faignante …

Alors si une machine veut s’en charger … qu’elle y aille. “Et les informaticiens ?”. “On les recyclera sur d’autres projets”. Cela me rappelle les promesses du no-code. Tant que ça fonctionne, ça fonctionne.  La tautologie a ses limites. Sans connaissances d’un domaine, le moindre écart devient un obstacle infranchissable. 

L’expertise humaine

Les projets informatiques se sont complexifiés. L’IA est perçue comme un développeur externe à qui on confie une partie d’un projet. Il ne connaît pas l’architecture sur laquelle sera déployée son code. Cela reste le domaine d’informaticiens spécialisés qui comprennent les intéractions des différents mécanismes informatiques.

Un jour peut-être les donneurs d’ordres confieront toutes les actions d’un projet informatique à des IA entraînées sur l’ensemble des problématiques. Mais feriez-vous confiance à quelqu’un dont vous ne comprenez pas la logique ? L’informaticien, par sa compréhension du domaine, sera le garant de la solution.

Si on transpose dans un autre domaine, aujourd’hui, décollage, vol et atterrissage peuvent se faire en automatique. Pourtant, les pilotes n’ont pas été remplacés. Au contraire, ces derniers doivent être spécialisés dans de nombreux domaines : physique, météorologie, mécanique, signalisation aérienne, … 

Le pilote acquiert ainsi une compréhension de son environnement et peut donc réagir en cas de situation inattendue. De même, l’informaticien est le mieux placé pour corriger les erreurs de son homologue numérique et guider le projet vers son objectif

Conclusion

L’intelligence artificielle est le dernier maillon d’une chaîne construite par des générations d’informaticiens. Les prochains maillons s’appuieront dessus pour faire avancer la chaîne. Il faudra encore la supervision des informaticiens pour s’assurer que ceux-ci répondent au besoin pour lequel est utilisé l’informatique.

Loin d’être une menace, l’IA est une opportunité pour les développeurs. Elle permet de se concentrer sur les problématiques informatiques sans perdre des heures à pisser des lignes de code. Elle ramène dans nos contrées des activités sous-traitées. Elle permet d’évoluer dans la chaîne de valeur.

Avant d’être capitaine, il faut être matelot. Alors codons.

Pourquoi apprendre ? Pour les non-informaticiens, je vous renvoie vers la Conférence d’Idriss Aberkane

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