Tipiak

Dans l’article précédent nous parlions de manière générale de la propriété intellectuelle. L’informatique a influencé nos modes de consommation. Le fait qu’une information, une fois divulguée, soit disponible instantanément pour le monde entier peut poser problème pour nos artistes. Les lois ont donc évolué pour protéger nos chers créateurs, mais pas que

À l’arrivée d’Internet, il devenait possible pour tout un chacun de diffuser sa vie, ses passions, … et donc les musiques et les films que l’on aime. Le problème c’est qu’avec les débits de l’époque, il fallait être patient pour récupérer une musique. Un album nécessitait plusieurs heures de téléchargement. Vu le coût d’une heure d’Internet, les activités de piratage étaient peu nombreuses.

Mais les années 2000 ont fait bouger les lignes. Avec l’arrivée du mp3 et de l’ADSL, on est entré dans l’ère de la piraterie. Des musiques plus légères en gardant la même qualité (quelques Mo par chansons) et la possibilité de rester connecté en permanence pour un tarif raisonnable. David Douillet a même fait la promotion, involontaire, du piratage musical en téléchargeant un morceau en ‘2 secondes’. 

De même pour les vidéos, le format divx permettait de faire tenir un film entier sur moins de 700 Mo. Soit quelques heures de téléchargement. [Sarcasme – On] Cela permettait de rentabiliser le forfait ADSL. [Sarcasme – Off] 

En parallèle, les développeurs se sont emparés de cette nouvelle infrastructure et de ses capacités pour proposer des protocoles et logiciels de partages de fichiers. L’idée restait toujours la possibilité de partager la connaissance le plus facilement possible. Ainsi, il était possible de récupérer facilement les distributions de Linux ou de diffuser la culture disponible dans les universités.

En pratique, le grand public s’est surtout servi de ces outils pour diffuser musiques et films soumis aux droits d’auteurs. Ainsi, avec des logiciels (réseaux ?) comme Napster, Kazaa ou eMule, il était possible de trouver et télécharger les musiciens. La manœuvre était illégale et les propriétaires de ces contenus ont réclamé l’interdiction et la condamnation de ces outils. La question était comment.

Comment interdire les logiciels ? Comment identifier les auteurs de piratage ? Comment sanctionner ? Comment intervenir lorsque l’hébergeur de contenus piratés est situé dans un pays où aucune convention n’existe ? Aucune loi n’encadrait réellement les activités sur Internet. Et la réponse juridique française de l’époque, l’Hadopi, était en retard, maladroite et orientée. Mais ce sera dans un autre article. 

De plus, il s’agissait de ne pas remettre en cause la neutralité du Net. Demander aux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) de filtrer le Trafic aurait relevé de pratiques d’une autre époque. Mais, je frôle le point Godwin. Les Majors ont donc fait pression sur les gouvernements avant d’attaquer les réseaux pirates à leur source. Instiguer la peur a aussi été une méthode. 

Les réseaux pirates étaient donc accusés de diffuser les virus. Rien ne protégeait le consommateur du risque de tomber sur des logiciels dangereux. En pratique, on connaît tous quelqu’un qui, voulant passer le dernier Disney (récupéré illégalement) à ses enfants, s’est retrouvé avec un film pornographique. Tantôt paternalistes, tantôt vindicatifs, Pascal Nègre et ses collègues se démenaient pour sauver leur modèle. 

Cela n’a pas empêché le nouveau monde d’arriver. Internet a permis l’émergence de nouveaux modes de consommation. Les licences globales permettent aujourd’hui l’accès aux musiques et films avec un simple abonnement mensuel. Cela permet de rémunérer correctement artistes et agents tout en donnant accès à une population plus importante. Les labels musicaux et autres studios de cinéma se portent même mieux qu’avant.

En parallèle le piratage de l’époque a permis l’émergence de nouveaux talents qui n’auraient jamais été découverts autrement et l’émergence de nouveau modèles de financement pour les créateurs. De même, la culture vidéo-ludique (rétro-gaming) a été sauvée par ces réseaux en partageant des jeux souvent oubliés même par leurs créateurs. Remettre en cause nous permet de progresser.

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