Je reconnais. Beaucoup d’articles, quelques portraits, mais pas ceux de femmes qui ont influencé l’informatique. Il faut dire que le domaine attire peu la gente féminine. L’aspect trop technique du domaine ? Je ne pense pas. La seule femme célèbre que je vous ai cité est une arnaqueuse. Son talent pour le domaine de la filouterie est hors catégorie, mais n’a rien à voir avec mon domaine de prédilection.
Bien sûr, si je demande de citer une femme dont le travail a influencé l’informatique, peut être des enseignants ou des féministes me citeront Ada Lovelace. Elle est considérée comme la première personne à avoir écrit un programme informatique en 1842. Je vous laisse retrouver le programme. En son honneur, un langage a été créé, le Ada. Et c’est pour cela que quelques vieux informaticiens la connaissent.
Non, le travail d’Ada Lovelace n’a pas laissé d’empreinte marquante dans l’informatique moderne. Le domaine prend racine à la sortie de la seconde guerre mondiale. Il faut regarder après cette date pour trouver des femmes dont le travail nous influence. Citons en 2.
La première, je ne connaissais pas son nom avant cet article. Par contre son travail, et son influence sur les langages informatiques, c’est l’ADN du domaine. Parlons de Grace Hopper. Née en 1906 et bonne élève, elle s’était destinée à enseigner sa matière de prédilection, les mathématiques. Alors pourquoi en pleine guerre, une femme trop petite, trop légère et trop âgée pour les standards militaires s’engage-t-elle dans la marine ?
Vocation familiale ? Mésentente conjugale ? En tout cas, ses talents pour les mathématiques intéressent l’armée. De son côté, Grace manipule les premiers ordinateurs et comprend rapidement leurs utilités. Elle prend rapidement conscience que leurs usages sera limité si ces machines restent trop compliquées à programmer.
Grace participe à la conception de langages informatiques avec l’objectif de les rapprocher de la langue anglaise. Un programme se doit d’être lisible et elle œuvre dans ce sens. Elle est d’ailleurs considérée comme ‘la mère du Cobol’. S’il s’agit d’un vieux langage créé en 1959, il était encore très présent dans toutes les grandes entreprises jusque dans les années 2000.
Si le Cobol fait peur aux jeunes programmeurs, il est pourtant très simple à appréhender. Il est structuré en divisions, sections et paragraphes. Il est explicite. Les actions sont réalisées par des verbes. Je parle bien d’un programme informatique et non d’un livre. Dommage que Grace n’ait pas été française, l’apprentissage de la programmation aurait été plus simple. La langue anglaise est une passerelle naturelle pour devenir développeur.
La seconde femme, il est impossible de ne pas avoir entendu parlé d’elle. Pourtant, sorti des États-Unis, peu connaissent l’origine de sa réputation. Si je vous dis ‘Marissa Mayer’, vous avez peut-être entendu parler d’elle comme présidente de Yahoo, un concurrent de Google qui a connu son heure de gloire au début des années 2000. Mais pourquoi les actionnaires de Yahoo ont choisi en 2012 une jeune femme de 37 ans ?
Marissa Mayer a commencé sa carrière chez Google. Malgré les offres de postes dans de grands groupes, elle a choisi de rejoindre des marginaux qui étaient en train de changer notre monde. De programmeur, elle prend rapidement des responsabilités sur les différents projets. Sa vision de l’informatique est centrée sur l’expérience utilisateurs.
Un bon produit n’est pas celui qui propose le plus de possibilités mais celui qui est le plus simple à utiliser. Si les outils de Google de cartographie, de messagerie, de recherche, … vous semblent simples et naturels à utiliser, c’est en grande partie grâce à elle. L’exigence ergonomique n’est qu’un des talents de Marissa. L’exigence est aussi technique. Un service ne doit jamais s’arrêter et elle sait mettre en place l’organisation qui permet cet exploit.
Sa période chez Yahoo n’a pas permis de relever l’ancien géant d’Internet. Mais dans un monde qui évolue aussi vite, l’inverse aurait relevé du miracle.
Ne voyez pas de misogynie dans mon manque d’articles sur les femmes célèbres. L’informatique n’est pas le meilleur domaine pour devenir célèbre. Les quelques cas le sont par rapport à leur compte en banque. D’ailleurs, passé Gates, Jobs et Zuckerberg, sauriez-vous m’en citer d’autres ?
L’influence des femmes est souvent plus intime dans ce domaine. Et c’est pour cela que nous y prêtons peu d’attention.