L’annonce de la mise en fonction de la 5G est un nouvel épisode de la guerre des toits. Cet étrange histoire avait déjà été l’occasion d’un article. Mais là, j’ai eu besoin de comprendre les arguments des belligérants. Pourquoi des maires ‘écologistes’ demandent un moratoire sur cette technologie ? Et pourquoi notre gouvernement souhaite avancer sur ce sujet ?
Pour le premier camp, je remercie Europe Ecologie Les Verts (EELV) de proposer une motion assez succincte sur le sujet. Cela change des longs articles. Enfin, il faut quand même la lire, la comprendre et vérifier les sources. Je vais reprendre les arguments les plus iconiques.
Les industriels s’accordent sur une multiplication par 1000 des données échangées sur les réseaux, dans les prochaines décennies. Des décennies ? L’échelle de temps est très large. En pratique, la source citée cible la période 2018-2023. Je n’ai pas tout lu mais au delà de 10 ans, ce n’est pas de l’anticipation mais de la science-fiction. Quand on connaît les principaux usages d’Internet (à 60% de la vidéo), on a du mal à voir où sera l’augmentation. Pour anticiper le futur, il faut regarder notre passé.
La 5G sera surtout l’occasion d’une grosse inflation de la consommation électrique et de la collecte des données personnelles des usagers. Pour la collecte des données personnelles, nous les offrons gratuitement aux grandes sociétés privées et nous les refusons à notre pays (StopCovid). Pour la consommation électrique, il faudrait que les usages augmentent massivement. Vu le temps déjà passé sur les ‘gadgets connectés’, ce sera difficile.
Cette technologie … moins rentable … creusant la fracture numérique. La 4G est finalement disponible pour tous Donc ce n’est pas parce que le déploiement sera plus lent pour les campagnes qu’en ville, qu’il ne faut pas mettre en place la 5G. Comme pour la 4G, l’Etat imposera des objectifs de couvertures aux différents opérateurs téléphoniques.
Enfin, le fait que les opérateurs aient systématiquement bridé les anciennes technologies à chaque arrivée d’une nouvelle … L’argument ici est l’obsolescence programmée. Il est facile de vérifier que ce n’est pas le cas. Prenons l’exemple de la 3G, remplacée par la 4G ? J’ai vérifié hier sur les réseaux Bouygues et Orange, et elle fonctionne encore très bien. Malgré son âge, consulter Facebook, regarder des vidéos Full HD se fait sans effort.
EELV propose donc un moratoire avec une période d’essai suite à la mise en place d’outils mi-2021, avec avant des tests de l’ANSES. Pourquoi pas. Par contre, pourquoi engager les études aussi tardivement ? Pour une technologie déployée massivement depuis plus d’un an en Asie, n’a-t-on pas de recul sur les gains et les risques ?
Il y a bien d’autres points dans ce texte qui mériterait plus d’éclaircissement (neutralité du Net, Internet des objets, indépendance technologique, …) mais je n’en suis qu’à la moitié et l’article est déjà long. Je trouve que la motion d’EELV est une bonne base pour un débat. Je comprends le principe de précaution voulu par les maires ‘écologistes’. Mais les arguments me semblent légers. Utiliser l’émotion pour orienter un débat n’est pas honnête.
Il faut dire que les arguments de pro-5G sont aussi emphatiques. Regardez les publicités des opérateurs téléphoniques et vous comprendrez. Voici les liens vers les argumentaires de Bouygues, Orange et SFR. Free n’a pas encore communiqué. Plus de vitesse, moins de latence, sobriété énergétique, …
On nous vend un temps de latence compatible avec une opération de chirurgie. Je ne pense pas que les médecins opèrent depuis leurs smartphones. De même, si deux voitures doivent communiquer entre elles, passer par une antenne n’est pas ce qui est le plus rapide. Mais comme toute technologie, on se doute que de nouveaux usages seront créés.
De même pour la vitesse, il faut savoir que les taux de compression sont suffisants pour faire passer des flux vidéos 8K même sur une liaison 3G. L’intérêt d’améliorer les débits est donc d’avoir besoin de moins d’antennes pour rendre le même service ou de rendre le service à plus de personnes … ou à plus d’objets. Plus de personnes, cela paraît difficile de nos jours où tout le monde à un téléphone portable. Plus d’objets, il faut que ceux-ci aient la puissance pour répondre.
Troisième argument, la sobriété énergétique. Elle est surtout la conséquence du deuxième argument puisque, sauf nouvel usage disruptif, il est peu probable que les usages explosent. Cependant, elle implique une autre condition. Il faut éteindre les anciens réseaux 2G, 3G et 4G. Mais avant cela, il faut que les téléphones soient compatibles 5G. En comptant le renouvellement standard, d’ici 5 à 10 ans pour faire disparaître 2G et 3G … ou pas.
Une exposition aux ondes moins importante puisque les antennes sont activées en fonction de la position du téléphone et que les débits font diminuer le temps à l’accès aux ressources. C’est sûrement vrai. Des tests sont menés depuis 5 ans avec les fréquences 5G. Il faudra que je trouve ces études. D’après les fiches techniques des téléphones 5G, le DAS (Débit d’Absorption Spécifique, quantité d’énergie émise absorbée par notre corps) ne semble pas augmenter, ni diminuer.
La vraie raison de la 5G est que le moindre gain a un impact très important sur notre économie en concurrence avec les économies des autres pays. Je ne me permettrai pas de traiter d’Amish ceux qui envisagent un autre projet de société. Les débats sont nombreux et très documentés. Qui aurait dit que les toits de France deviendraient de nouveaux champs de batailles ?
Pour ma part, ce type de débat me fait dire qu’un peu de connaissances scientifiques éviterait l’hystérisation des positions. Quand on n’a pas d’arguments sérieux, on tombe dans l’excès. Mais finissons sur une touche d’humour (ou de complotisme suivant le point de vue). Si on m’avait dit qu’un jour 5G et covid-19 seraient au cœur des complots. Voici la version de base. En cherchant un peu, vous trouverez des versions bien plus fabuleuses.