La présence d’un comptable chinois dans votre appartement ne vous avait pas dérangé. Mais un nouveau personnage vient de s’introduire chez vous. Et on peut dire que ce dernier est plutôt gênant, un peu effrayant. En effet, lui non plus ne parle pas, il se contente de regarder et déplace les meubles et les objets dans votre appartement.
Bien qu’il soit très discret vous remarquez son manège. Depuis votre précédente mésaventure, vous faites attention à votre espace numérique. Vous décidez de le chasser de chez vous, cependant, intangible, il continue son manège sans que vous ne puissiez agir. Portant une capuche, vous ne voyez pas son visage mais vous sentez que ses intentions sont mauvaises.
C’en est trop, vous appelez un agent de la police Avast. Mais le temps que ce dernier n’arrive, l’individu à disparu, laissant un message sur le coin de votre bureau. La jeune recrue, fraîchement diplômée de l’Académie de Police, se présente à votre domicile. Et ensemble vous constatez que rien n’a disparu. Vous remettez de l’ordre dans vos affaires, mais quelque chose vous semble étrange.
Voulant offrir un verre d’eau à la jeune policière, vous vous rendez compte que vous ne pouvez plus ouvrir le placard et les robinets refusent de laisser couler l’eau. Certes votre habitation n’est pas récente, mais là c’est ridicule. Des mécanismes bloquent la plupart des équipements de votre domicile.
Le voyou a vandalisé l’appartement. Tout y est passé. La bibliothèque, les collections de CD et de DVD, les classeurs de documents administratifs, vos derniers compte rendus pour le travail, … plus rien n’est accessible. Vous savez qu’ils sont là, mais vous ne pouvez plus les consulter. Ne reste que ce message laissé par l’inquiétant visiteur.
‘J’ai verrouillé tous les équipements et dossiers de votre domicile. Si vous voulez y accéder à nouveau, veuillez déposer 1 centime de bitcoin au 8 rue du Tor devant la porte Sud et la clé de décryptage vous sera fournie. Si vous ne répondez pas dans 48 heures, je détruirai cet ultime accès.’ “Un centime ? Ce n’est rien !” vous dites-vous. Mais la policière vous fait remarquer qu’au cours actuel du bitcoin, cela représente plus de 400 €.
L’en…capuchonné a bien calculé son coût. 400 € c’est peu et beaucoup à la fois. Ce sont des années de travail et de collection qui sont paralysées par ce bandit. Cela représente bien plus que 400 €. Mais si vous payez, qu’est-ce qui me prouve que le bandit fournira la bonne procédure pour que vous accédiez à nouveau à vos affaires ? Et même si c’est le cas, ne risque-t-il pas de recommencer ?
Vous demandez à la policière son avis mais elle ne peut m’aider sur ce point. Payer, c’est encourager et financer ce type d’acte. Ne pas payer, c’est accepter de perdre une partie de son identité numérique. C’est aussi, dans un cadre professionnel, accepter de perdre le travail non sauvegardé dans d’autres lieux. Si vous êtes un indépendant et que tous vos dossiers clients sont à votre domicile, cette position est intenable.
Vous avez toujours fait une distinction entre le travail et ma vie privée. De plus, vos souvenirs sont copiés dans d’autres endroits inaccessibles pour l’être malfaisant. Vous décidez donc de brûler la missive et de réinitialiser complètement votre appartement. Certes vous perdez quelques moments récents, mais il vous sera toujours possible d’en créer de nouveaux.
Avant de partir, l’agent vous donne quelques conseils. Elle vous recommande de ne pas ouvrir les colis que vous n’avez pas commandés. Si vous ne connaissez pas l’expéditeur, vous devez toujours vous méfier. C’est en principe comme cela que les méchants ‘pirates’ arrivent à entrer dans nos maisons. Elle vous déconseille aussi de fréquenter la rue du Tor et les sites illégaux. Dans cette cour des miracles, les non initiés sont des proies faciles.
Enfin, elle vous propose de participer à un programme de ‘voisins vigilants’. Cela consiste à se tenir informés entre résidents d’Internet et de prévenir les Antivirus en cas de comportement suspects. En pratique, il s’agit d’un petit grigri à poser l’entrée de votre domicile. C’est lui qui fera le travail.
Vous la remerciez et la raccompagnez au seuil du domicile. Demain, vous passerez à votre garage pour récupérer des souvenirs et réaménager les lieux. Et promis, vous ne laisserez plus personne rentrer chez vous sans votre accord.