La part du colibri

Notre environnement est unique et nous devons le respecter pour le transmettre aux générations futures. Des profiteurs peuvent penser le contraire. Après eux, le déluge. Pour les gens normaux, la protection de la nature fait partie de leur existence. Oui, Mathieu, c’est bien de s’engager auprès d’organismes comme la WWF. 

Mais arrêtez de pointer du doigt le méchant Internet. Alors que je regardais dimanche dernier le match de rugby Italie/France, je suis tombé sur cette publicité. Le grand joueur de rugby se reproche de prendre son téléphone durant une fausse interview pour regarder un message qui laisse l’écran éteint. ‘Pardon. je pollue là.’.

Honte à celui qui interagit avec le monde virtuel. Il devient un infâme pollueur. Dans l’autoflagellation, on ne fait pas mieux. Et quand on respire, on rejette du CO2. Imagine alors le passage aux toilettes. Oui, toute activité au cours de la vie a une influence sur son environnement. Mais regarder un message est en bas dans l’échelle de la pollution. 

Cette publicité est étrange. Outre la musique aux sonorités anxiogènes, le colosse balance des affirmations sans aucun recul. Il fait plus chaud, il faut s’adapter. Un prétexte permet de faire le lien avec les activités numériques.  

“Internet 3ème consommateur d’électricité au monde”. Rien que cette phrase soulève beaucoup de questions. Quelle part l’électricité représente-t-elle dans l’énergie consommée ? Quels équipements sont pris en compte dans la notion d’Internet ? … Il me faudrait des mois pour vérifier cela. Mais le WWF ou l’ADEME ont sûrement des informations à ce sujet.

L’argument de l’activité de messagerie Internet est pire. “Entre 10 et 12 milliards de mails par heure”. En pratique, on parle de 320 milliards de mails par jour, soit moins de 2 par personnes et par heure. La majorité de ces mails sont des spams, des publicités et des échanges professionnels. Les échanges personnels sont infimes. 

Les messageries, tous protocoles confondus et sans enlever la part marketing, représentent 1,6 % du trafic. Vous voulez culpabiliser les gens, parlez du reste. 

Les équipements informatiques sont fabriqués en Asie, avec des ressources premières importées d’Afrique. La planète vous intéresse, alors ne vous jetez pas sur la dernière itération du téléphone à la mode. L’énergie électrique est majoritairement produite à partir d’énergie fossile, n’achetez pas l’ordinateur ou la console la plus PUISSANTE

Pas un mot sur les immenses bases de données pour surveiller le consommateur ou la prolifération des mineurs de bitcoins. On ne va pas taper sur le commerce des copains. Alors c’est plus facile de culpabiliser le pauvre.

Bien sûr, chaque petit geste est important. La légende du colibri appelle à la responsabilisation de chacun. Mais dans un monde où l’apparence est plus importante que l’essence, un clip vidéo moralisateur c’est bien … non ? 

Non. Sortir des chiffres d’un contexte, c’est stupide. Imaginez un professeur d’histoire ramener son domaine à la guerre de 100 ans pour expliquer nos relations actuelles avec l’Angleterre. Au contraire, il faut avoir une vision, même floue, du domaine complet avant de se focaliser sur un détail. 

Comme le colibri, vous saurez la part que vous pouvez prendre, et vous saurez que d’autres acteurs ont des parts de responsabilités bien plus grandes. Pour les investisseurs en crypto-monnaie, cherchez les alternatives PoS. Pour les producteurs de contenus vidéos, arrêtez les contenus ‘poubelles’.

Et pour les développeurs, optimisez vos programmes. C’est facile à dire mais étant moi-même programmeur, j’hésite à ouvrir une extension ‘optimisation’ au musée des horreurs de l’informatique. Peut être pour un prochain article.

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