Verbiage institutionnel

Dormez tranquille braves gens. L’Union européenne veille sur vous. Elle vous protège des dérives des grands opérateurs du réseau des réseaux. Ainsi, les hérauts modernes portent la bonne parole d’un monde pacifié. En effet, Internet s’est créé sur la neutralité des échanges. Les fournisseurs du service n’ont pas à intervenir sur l’usage de l’outil.

Ainsi, comme au temps du Far West, il fallait attendre l’intervention d’un shérif ou espérer l’intervention d’un héros solitaire. Mais nos chers politiques ont décidé de mettre un terme aux débordements. Ce n’est pas la première fois me direz-vous. Notre Sénat se proposait déjà d’expliquer aux grands sites comment moins polluer et lutter contre l’insécurité

Passons à la vitesse supérieure. Les mesures viennent désormais de l’Union Européenne (UE). Deux nouveaux règlements vont être mis en place pour régler l’ensemble des dangers du cyberespace : le DSA et le DMA. Le premier règlement se charge de réguler les services numériques. Le second doit s’assurer des règles du commerce sur Internet. 

Je vous fais grâce de chaque règlement dont la lecture est plus longue qu’un jour sans pain. Le DSA (Digital Services Act) cherche à réguler les services Internet et notamment les réseaux sociaux, les places de marché et les moteurs de recherche. Le leitmotiv est simple : interdire sur Internet ce qui est interdit dans le monde réel

Un service qui ne respecte pas les devoirs dans l’UE ne doit pas être accessible. En empêchant les acteurs moins-disants, ils espèrent aussi favoriser les acteurs européens. Seront contrôlés en priorité les services monopolistiques. Mais tous les services devront se conformer à ces règles supranationales. 

Le problème est que le DSA est très flou. Les grands acteurs devront proposer un système de recommandation de contenus non-fondé sur le profilage. Cela tombe bien, ils passeront par des intermédiaires. Mais, ne dites rien … De même, l’UE veut connaître les algorithmes de ces services pour évaluer les risques.

Je vous mets un lien sur un résumé. J’ai du mal à comprendre comment ils vont lutter contre la désinformation. En interdisant tout débat contradictoire ? Ce texte me fait me questionner plus qu’il ne m’apporte de réponse. Et je ne vois pas comment il pourra être mis en application. 

Parlons rapidement du DMA. Il s’agit de la version mercantile du DSA. Les cibles sont les mêmes entreprises. Il s’agit de régir les flux financiers. Si l’idée est d’en finir avec le dumping fiscal, avant de s’en prendre aux grands vendeurs, il faudrait harmoniser les pratiques fiscales et mettre fin aux paradis fiscaux de l’UE.

Prenons une mesure : Autoriser les vendeurs à promouvoir leurs offres et à conclure des contrats hors des plateformes. Je rêve qu’Amazon autorise cela sans toucher sa commission. C’est un rêve, et la plupart des mesures proposées le sont aussi parce qu’elles font abstraction de la réalité.   

Bien sûr, si les grandes entreprises ne respectent pas les règles, l’UE se propose de les sanctionner financièrement. Cela risque de faire bizarre aux députés européens d’utiliser des ordinateurs sans système d’exploitation Windows. Les mesures proposées sont trop radicales pour être applicables.

L’enfer est pavé des meilleures intentions. Et ces règlements me semblent au mieux des vœux pieux, au pire des restrictions de nos libertés. Il existe deux façons de répondre à une situation complexe : 

  • Espérer qu’une entité supérieure nous protégera du système.
  • Apprendre à reconnaître les situations et acquérir les bons outils pour mieux réagir. Mais il faut du temps pour mettre en place cela. 

Je suis de la deuxième école. Informer, expliquer, pour que mes lecteurs comprennent le domaine informatique et aient de bons repères pour réagir aux situations. On passe bien un permis avant de conduire une voiture. Pourquoi n’apprendrait-on pas à bien se comporter sur l’espace numérique avant de s’y aventurer seul ?

It’s dangerous to go alone …

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