La technologie n’aide pas. Même s’il s’est professionnalisé, Kévin ne parvient pas à tenir tête aux stars de la discipline sur FIFA. Et le jeu l’a lassé. Désormais il fait dans les FPS, jeu de tir à la première personne. Ce n’est pas Fortnite qu’il a choisi.Trop coloré, trop de gamins. Les TPS, c’est pour les poseurs. Non, notre champion s’est spécialisé dans la référence des jeux de tirs : Counter Strike.
Ici, le joueur d’excellence se distingue de la plèbe par son adresse. Certes, il est indispensable d’intégrer une bonne équipe, mais le recrutement se fait aussi par les coups d’éclats. Et un joueur de son niveau n’a pas tardé à se faire remarquer par une équipe régionale. Et il compte rapidement intégrer une équipe professionnelle comme la Team Liquid.
Internet a bien aidé pour rencontrer d’autres joueurs. Avant, cela commençait par un groupe d’amis chez les uns et les autres,en réseau local (LAN). Au mieux, des compétitions se déroulaient le weekend dans des gymnases surchauffés par les machines des compétiteurs suivant une organisation souvent chaotique.
Avec l’arrivée de l’ADSL, puis de la fibre, les compétiteurs pouvaient rester chez eux et les meilleures équipes pouvaient s’affronter à tout moment. Le niveau a grimpé en flèche. Un monde professionnel s’est créé autour de ces joueurs et les meilleurs se sont regroupés en équipe qui s’affrontent lors de compétitions internationales.
Et Kévin rêve de ce destin. Et pour cela, il s’entraîne avec son équipe. Premier pilier du joueur pro, connaître les raccourcis clavier sur le bout des doigts. Il ne faut pas perdre de temps pour acheter les bons équipements ou désamorcer la bombe. Tel un pianiste virtuose. Kévin répète ses gammes afin de trouver la bonne touche sans regarder son clavier.
Deuxième pilier du joueur pro, la précision. Kevin s’entraîne des heures sur des stands de tirs virtuels pour réussir à toucher les cibles éloignées en un minimum de temps.
Répétition jusqu’à la perfection. Telle est la voie. Il enchaîne les assiettes en plein vol avec fluidité. Il distingue alliers et adversaires prenant toujours la bonne décision.
Troisième pilier du joueur, la stratégie d’équipe. Les cartes doivent être connues par cœur. L’emplacement potentiel des ennemis doit être maîtrisé. Le rôle de chaque partenaire doit être défini et respecté. Le soutien ne doit jamais lâcher son meneur. L’adversaire ne fera pas de cadeau. Kéké et ses camarades enchaînent les combinaisons lors de parties tests.
Quatrième pilier, la mise en pratique. Plusieurs heures par jour, Kévin et ses coéquipiers enchaînent les parties contre des adversaires à leur niveau. C’est en pratiquant que l’on progresse. Afin de se faire remarquer, Kevin diffuse ses parties en direct. Enfin, avec un léger différé afin que les adversaires ne puissent anticiper ses stratégies et celles de ses coéquipiers.
Les mauvaises langues parleront d’un cinquième pilier du joueur professionnel : la triche. Mais Kévin ne s’aventurera jamais dans cette voie. Certes, la progression dans les classements en est simplifiée lorsque la visée automatique enchaîne les cartons sans avoir besoin d’être précis ou lorsqu’on connaît la position de l’adversaire malgré les murs. Mais un tricheur finira toujours par être démasqué. Et le déshonneur peut signifier la fin de la carrière. De plus, en compétitions haut niveau, la surveillance repère les programmes de triche.
Seuls les quatres premiers piliers permettent de devenir un champion respecté. Mais pour cela, le travail est indispensable. Un véritable sacerdoce. Et dire que certains pensent que le jeu vidéo n’est qu’une partie de plaisir. Non, c’est un travail d’homme. De la sueur et des larmes.
Alors qu’on arrête de dire que les jeux vidéo sont un loisir comme un autre. Kévin connaît les sacrifices pour être reconnu. Le joueur professionnel est un sportif comme les autres. Et il mérite le respect.