Opinion ou information

Manu 1er, notre fantasque président, aurait vrillé et en appelerait à la censure des réseaux sociaux (RS). Devant des commentaires très exagérés, revenons sur l’intégralité de l’intervention diffusée par notre Président notamment sur ces fameux  réseaux sociaux.

Dans une longue introduction, M. Macron rappelle des faits pour le moins surprenants. Des enfants français seraient exposés 4h40 par jour sur les RS qui deviendraient ainsi leur principale source d’information. De même, les moins de 40 ans baseraient aussi leur avis sur ces données dont la provenance est non contrôlée. 

Dès la première phrase, une manipulation ressort. Quels enfants ont accès 4h40 par jour aux RS ? Il est peu probable qu’il s’agisse d’une moyenne. Nous sommes sur des cas à la marge. L’exagération est faite pour attirer l’attention. Pour la seconde affirmation, les moins de 40 ans, il inclut dans ses propos le public qu’il cible. 

Mais revenons sur la cause principale de son intervention, la qualité de l’information. Dans un effort de pédagogie, le Président explique que l’information diffusée sur les RS est orientée par des intérêts privés. Le négatif attire plus l’attention que le positif. L’audience permet de vendre de la publicité.

Effectivement, dans un marché libre, les entreprises gagnent de l’argent par la vente d’un bien ou d’un service. Les services gratuits se rentabilisent sur le marché de l’attention : la publicité

“Ils ne sont pas faits pour partager de l’information.”. “Ils vendent de la publicité individualisée”. Les évidences  présidentielles sont ici pour marquer l’auditoire. La leçon d’économie est claire et maîtrisée et débouche sur le constat d’une population manipulée par le pathos et non par l’ethos ou le logos.

Est-ce moi qui n’ai jamais vu dans les RS qu’un outil d’opinion où l’échange devrait être la norme ? Ou la majorité des utilisateurs n’y cherchent-ils qu’une confirmation de leurs opinions ? Un RS est une agora, un lieu où les citoyens confrontent leurs visions. Pour convaincre, il faut se baser sur une source d’information accessible à tous.

M. Macron illustre sa thèse par deux exemples qui, bien que caricaturaux, sont réels. Une recherche de l’islam sur Tiktok renverrait en troisième position à un contenu salafiste. Autre exemple dans une formulation un étrange “Sur X, … Si vous ne tombez pas sur des contenus d’extrême droite, c’est que vous êtes mal organisé.”. 

La démonstration est terminée en 2 minutes. L’argumentaire est parfois maladroit mais la réalité est constatable par tous. On ressent plus une improvisation sur des idées générales qu’une préparation minutieuse de l’intervention. Place à la conclusion présidentielle. 

Puisque les plateformes rompent la neutralité informationnelle, les RS qui sont aussi des lieux d’informations devraient être réglementés. Le Président prend exemple de la presse au XIXème siècle qui sans déontologie et sans responsabilité des éditeurs de presse apportait une information plus fiable. 

Partir d’un constat actuel pour finir par dire que l’information était mieux diffusée par la presse du XIXème siècle est osé. Les flux d’informations n’ont plus rien à voir. L’expression écrite est à la portée de tous. On devrait s’en réjouir au lieu de chercher à réglementer. La question est dans sa hiérarchisation. 

Il faut réguler. L’anonymat ne peut être permis à ceux qui ne respectent pas les lois. La responsabilité des patrons des RS est une obligation attendue dans l’Union européenne (DSA). La liberté d’expression ne devrait pas être permise pour les faux comptes. Le non-respect des lois européennes devrait entraîner la fermeture du compte ou du service. 

Sur la forme, je remarque que la vidéo est tronquée. En coupant les temps morts, le monteur condense le message sur 3 minutes créant un rythme final epileptique. Sur le fond, je comprends qu’un tel discours fasse le jeu des influenceurs qui crient à la censure avec autant d’excès que le message présidentiel.  

La force d’un RS dépend de sa communauté. Sur l’oiseau bleu et sur les autres RS, un fait partagé fait l’objet de nombreux commentaires. Un fait peut aussi bien être une opinion, qu’un événement anodin, qu’une information. Et chaque fait provoque de nombreux commentaires. 

Le cœur des RS n’est donc pas l’information mais la réaction de l’audience. Interdire un RS ne fera que le rendre plus populaire. L’exemple brésilien devrait nous faire réfléchir. Seuls les vendeurs de VPN sont gagnants dans la censure. 

Si l’important est la qualité de l’information, alors la meilleure réponse est la réactivité sourcée face aux fausses informations. Si les RS posent problème à cause de l’anonymat, pourquoi ne pas créer un RS basé sur la réputation des intervenants dont les profils seraient validés par FranceConnect ou son équivalent européen. 

Une opinion assumée par un auteur identifiable à plus de valeur qu’un troll caché derrière un pseudonyme. Une opinion basée sur un article d’une source fiable est plus crédible qu’un avis chaotique. Au lieu de censurer, il vaut mieux élever le débat et apprendre aux plus fragiles comment se retrouver dans ce déluge d’informations.

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