Le Web3. Prononcé dans la bouche des médias, ce serait l’eldorado de toutes les entreprises du Web (la toile en anglais). Cependant, je me demande s’ils ont conscience de ce qu’est réellement Internet. Prenons ce reportage d’Europe n°1. Pour eux, Internet évolue. Au départ, la première itération ne permet à l’utilisateur que de consulter des informations … comme dans une bibliothèque.
Ensuite serait arrivé en 2004 le web 2.0. Là, n’importe qui peut devenir créateur de contenu, à condition de s’adresser à un référent qui centralise le contenu : le réseau social. Vous avez enfin le droit d’écrire des articles qui sont conservés dans la bibliothèque virtuelle, à condition de respecter les conditions du bibliothécaire. Certains sont plus cool que d’autres.
Vient désormais l’ère du Web3. D’après le journaliste, ce dernier permet le contrôle par chacun de ses propres données basées sur le pseudonymat. Les échanges seraient transparents et sécurisés sans passer par un tiers de confiance. Merci la Blockchain (BC). Les entreprises dont l’activité est basée sur le Net se précipiteraient vers cette nouvelle technologie.
Cette vision d’Internet est simpliste et fausse. Elle se base sur les usages. En réalité, dès les prémices d’Internet, chacun pouvait diffuser ses connaissances. Certes au début, il fallait des bases en informatique, mais la possibilité de partager est à la base d’Internet.
Même sans connaissance informatique, avec le bon logiciel, il était possible de participer à ce partage de connaissance. Les newsgroups et les forums de discussions permettaient à n’importe qui cela, sans supporter, hors abonnement au FAI, le poids de l’infrastructure.
Ce qui distingue réellement les étiquettes commerciales Web, Web 2.0 et Web 3, c’est le mode de financement. Dans la première version, le Web était financé par les universités ou par les entreprises qui y voyaient un nouveau moyen de communication. Peu d’audience, peu d’investissement. Sans véritable logique commerciale, l’information était fiable.
Avec l’arrivée de l’ADSL et d’un coût d’accès au réseau maîtrisé, le nombre d’utilisateurs à explosé. En parallèle, de nouveaux outils sont apparus pour échanger de l’information. Le trombinoscope (facebook en anglais) est au départ une variante des forums de discussion avec la création d’un salon dédié à chaque utilisateur renommé le ‘mur’.
Des influenceurs ont su profiter de ses outils. La Star Academy était un carton à la télévision et Internet est devenu un Eldorado permettant à chacun de partager ses passions sans avoir les finances d’un entrepreneur breton. La sélection naturelle a fait le reste (RIP skyblog, myspace, …). Ce qu’on appelle le web 2.0 c’est l’arrivée de nouvelles sources de financements basées sur la publicité. Qui dit audience dit argent.
Le vrai apport du Web 3 est l’intangibilité des échanges assurée par la BC. Dit autrement, un homme politique qui communique sur le Web 3 ne pourra nier ses propos quelques mois plus tard. La BC est en principe infalsifiable et répliquée. Le droit à l’oubli disparaît de fait. Si cette qualité n’est pas appréciée des faussaires, elle peut l’être pour la conservation des données.
Cependant le Web 3 a un coût important. Une information centralisée n’existe qu’à un endroit. Dans le nouveau Web, elle se doit d’être répliquée des dizaines de fois pour être pérenne et accessible en permanence. De plus, la BC nécessite des quantités d’énergie très importantes pour valider les échanges. L’appliquer à tous les échanges d’Internet semble utopique.
Le Web 3 ne remplacera pas ses deux prédécesseurs. Il prendra sa place sur la toile avec pour objectif de certifier l’information qu’il propage. Contrairement à ce que pense les experts d’Europe 1, il existe bien plus que les 3 variantes marketing d’internet citées.